Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié vendredi soir de «crime de guerre russe délibéré» le bombardement d'un baraquement dans lequel se trouvaient des soldats ukrainiens prisonniers à Olenivka, en territoire occupé par les Russes dans la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine. Il a de nouveau demandé que la Russie soit reconnue «Etat parrain du terrorisme».
Le chargé des droits humains ukrainien Dmytro Loubinetsk a annoncé samedi à la télévision nationale avoir demandé à la Croix-Rouge et à la Mission de surveillance des droits de l'homme des Nations unies, qui avaient supervisé en mai la reddition négociée avec les Russes des défenseurs de l'usine d'Azovstal à Marioupol (sud-est), de se rendre à Olenivka. Selon lui, le CICR a fait une demande mais n'a pour l'instant pas obtenu l'autorisation des Russes.
L'Union européenne a condamné vendredi soir «les atrocités commises par les forces armées russes et leurs supplétifs», dans un communiqué de son chef de la diplomatie Josep Borrell visant à la fois le bombardement de la prison et des accusations de torture et d'émasculation d'un prisonnier ukrainien, dont une vidéo a circulé sur les réseaux sociaux.
La Suisse a condamné l'attaque samedi. Tuer ou blesser intentionnellement de prisonniers de guerre est un crime de guerre, a tweeté le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). Les informations et les images de l'attaque sont alarmantes, a ajouté le DFAE. La Suisse appelle à une enquête internationale «immédiate, indépendante et impartiale».
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Tensions ravivées par un Tweet
La tension autour du sort des milliers de prisonniers de guerre ukrainiens aux mains des Russes ou des séparatistes du Donbass a été encore ravivée par un tweet vendredi soir de l'ambassade russe au Royaume-Uni, visant spécifiquement le régiment ukrainien Azov créé par des nationalistes.
«Les combattants d'Azov méritent d'être exécutés, mais pas par un peloton d'exécution, par pendaison. Ce ne sont pas de vrais soldats. Ils méritent une mort humiliante», pouvait-on lire dans ce tweet en anglais. Andrii Iermak, le chef du cabinet du président ukrainien, y a vu la preuve que la Russie est «un Etat terroriste».
Le régiment Azov s'était illustré dans la défense de Marioupol. Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique d'Azovstal, environ 2500 combattants ukrainiens s'étaient rendus en mai à l'armée russe. Moscou avait fait savoir qu'ils seraient incarcérés à Olenivka.
Moscou et Kiev se renvoient la balle
Le Comité d'enquête russe avait annoncé vendredi le bombardement d'Olenivka, affirmant que les forces ukrainiennes avaient elles-mêmes «tiré sur la prison où sont détenus les membres du bataillon Azov, utilisant des projectiles américains du système Himars», lance-roquettes multiples de grande précision livrés par les Etats-Unis.
L'état-major ukrainien a balayé ces accusations, affirmant qu'il s'agissait pour les forces russes ou séparatistes de «camoufler les tortures de prisonniers et les exécutions» qui avaient été «perpétrées».
Selon le renseignement ukrainien, l'attaque «a été réalisée par des mercenaires de la division Wagner», compagnie russe de mercenaires dont les hommes ont été accusés de crimes en Syrie et en Afrique notamment.
Les attaques sur le terrain continuent
Sur le terrain des opérations militaires, les autorités ukrainiennes ont annoncé samedi que des bombardements russes avaient visé plusieurs localités dans le sud et l'est du pays, faisant au moins un mort à Mykolaïv (sud) et un à Bakhmout (est).
A Kharkiv (nord-est), deuxième ville ukrainienne, trois missiles S-300 se sont abattus sur une école qui a pris feu, a annoncé le maire de la ville Igor Terekhov, publiant sur Telegram des photos du bâtiment en flammes.
Poursuivant son bras de fer avec les Occidentaux, la Russie a une nouvelle fois réduit samedi ses livraisons de gaz à l'Europe, suspendant l'approvisionnement de la Lettonie «en raison de la violation des conditions de prélèvement du gaz», selon un communiqué sur Telegram du géant gazier russe Gazprom.
Gazprom a déjà réduit drastiquement cette semaine ses livraisons à l'Europe via le gazoduc Nord Stream, arguant de la nécessité de maintenance d'une turbine.
(ATS)