Géorgie
Des milliers de manifestants pro-UE devant le parlement à Tbilissi

Des milliers de manifestants pro-européens se sont rassemblés mardi soir devant le parlement géorgien à Tbilissi pour la sixième nuit consécutive de protestation contre le gouvernement, accusé de détourner ce pays du Caucase de ses ambitions d'intégration à l'UE.
Publié: 03.12.2024 à 17:52 heures
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Dernière mise à jour: 03.12.2024 à 20:47 heures
Des milliers de manifestants pro-européens se sont à nouveau rassemblés mardi soir devant le parlement géorgien à Tbilissi pour protester contre le gouvernement.
Photo: ZURAB TSERTSVADZE
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ATS Agence télégraphique suisse

Des milliers de manifestants pro-UE ont protesté mardi soir en Géorgie pour la sixième nuit consécutive contre le gouvernement, malgré les menaces du Premier ministre qui a accusé ses rivaux politiques et des ONG d'avoir «orchestré les violences».

Ce rassemblement se déroule aussi après que la Cour constitutionnelle, saisie par la présidente pro-occidentale, a décidé de maintenir inchangé le résultat des législatives d'octobre remportées par le parti au pouvoir du Rêve géorgien mais contestées par l'opposition.

Les manifestations à Tbilissi, émaillées de violences, ont jusqu'à présent été systématiquement dispersées par la police à coup de canons à eau et de gaz lacrymogène. Elles ont éclaté jeudi après l'annonce par le pouvoir du report à 2028 des ambitions de ce pays du Caucase d'intégrer l'Union européenne.

Mardi soir, les protestataires ont de nouveau lancé des feux d'artifice vers le bâtiment et ont agité des drapeaux de la Géorgie et de l'UE face à la police, présente autour et dans le parlement, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des pancartes, déposées sur des marches devant le parlement, appelaient à «se mettre en grève» ou à ne pas rester «silencieux».

La police utilise à nouveau un canon à eau

La police géorgienne a une nouvelle fois utilisé mardi soir un canon à eau et du gaz lacrymogène pour tenter de disperser une manifestation pro-européenne à Tbilissi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le canon à eau a créé un bref mouvement de panique, mais les protestataires se sont rapidement remis à tirer des feux d'artifice en direction de la police, qui a alors fait usage de gaz lacrymogène, au moment où la foule se trouvait dans une avenue proche du parlement.

Quelques heures auparavant, le Premier ministre Irakli Kobakhidzé avait accusé l'opposition et des ONG d'être à l'origine des affrontements avec la police et averti qu'ils «n'échapperont pas à leurs responsabilités». Son parti, qui assure ne pas renoncer à l'UE malgré l'annonce du report des négociations, a estimé que les Géorgiens mécontents l'avaient «mal compris» et que l'intégration européenne «progressait».

La veille, il avait rejeté toute négociation avec l'opposition, qui réclame de nouvelles législatives en dénonçant des fraudes lors du scrutin du 26 octobre, tout comme Bruxelles, ce que M. Kobakhidzé a qualifié de «chantage». Le Rêve géorgien tente aussi de présenter le mouvement de protestation comme le résultat d'une ingérence extérieure. 

«Cela fait 12 ans qu'ils nous mentent»

«Personne ne nous paie, nous venons ici par notre volonté, de nous-mêmes», a affirmé auprès de l'AFP un manifestant, Nougo Chigvinadzé, logisticien de 41 ans, qui dit simplement vouloir «un meilleur avenir pour nos enfants». «Tout ce que dit notre gouvernement est un mensonge. Cela fait 12 ans qu'ils nous mentent et ils continuent à le faire», a-t-il ajouté.

Mi-novembre, des groupes d'opposition et la présidente Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement mais aux pouvoirs limités, avaient déposé un recours devant la Cour constitutionnelle pour faire annuler les résultats du scrutin législatif d'octobre.

La Cour, dans une décision publiée mardi, a refusé cette demande, en précisant que son verdict était final et sans appel. Lundi soir, vingt-six personnes avaient été blessées, en majorité des manifestants, lors de heurts avec la police lors du rassemblement précédent, a indiqué le ministère de la Santé.

L'opposition accuse le gouvernement de vouloir se rapprocher de Moscou, et d'imiter ses méthodes répressives et autoritaires.

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