La recherche conspue l'initiative
Pas de nouveaux médicaments sans expérimentation animale

Les institutions publiques de recherche académique mettent en garde contre un «oui» à l'initiative pour l'interdiction de l'expérimentation animale et humaine, en votation le 13 février. Celle-ci constitue un frein au progrès, à l'innovation et à la formation.
Publié: 13.01.2022 à 11:42 heures
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Dernière mise à jour: 13.01.2022 à 11:56 heures
L'acceptation de l'initiative sur l'expérimentation animale serait un frein au progrès, à l'innovation et à la formation, selon des institutions de recherche (archives).
Photo: GAETAN BALLY

L'acceptation de l'initiative entraînerait de facto une interdiction de la médecine et de la recherche, ont prévenu jeudi devant les médias des personnalités issues de swissuniversities, du Conseil des EPF, de l'association Médecine Universitaire Suisse, du Centre de compétence suisse 3R, de Jeune Académie, du Fonds national suisse (FNS), de Swissfaculty ainsi que des Académies suisses des sciences.

Un «oui» à l'initiative empêcherait notamment la recherche biomédicale et l'usage de nouveaux traitements médicaux, estiment les opposants. La qualité élevée des soins de santé et la recherche «responsable» menée en Suisse pour le bien de la population et de l'environnement sont ainsi en jeu.

Pas de nouveaux médicaments sans expérimentation animale

«Il n'y a pas de nouveaux médicaments sans expérimentation animale et sans études cliniques, même si des recherches intensives sont menées pour trouver des alternatives», relève Michael O. Hengartner, président du Conseil des EPF. Toutes les expériences sur les animaux ne peuvent toutefois pas être remplacées et restent nécessaires, comme l'a montré la recherche sur les vaccins contre le Covid.

Les chercheurs en Suisse travaillent avec les plus hautes exigences éthiques et professionnelles, ajoute Yves Flückiger, président de la faîtière des hautes écoles swissuniversities. La Suisse dispose de l'une des législations les plus contraignantes au monde, rappelle-t-il. En cas de «oui», le pays se retrouverait isolé et les projets de recherche seraient délocalisés.

Rejetée par le Parlement et le Conseil fédéral

L'accès des patients aux nouvelles thérapies serait entravé, souligne pour sa part Betrand Levrat, président de Médecine Universitaire suisse. «L'interdiction d'importer des médicaments développés à l'étranger au moyen d'expérimentations animales signifierait que les hôpitaux ne pourraient plus traiter leurs patients avec de nouvelles thérapies efficaces».

Lancée en 2017 par des citoyens saint-gallois, l'initiative veut inscrire l'interdiction inconditionnelle de l’expérimentation animale dans la Constitution. Les nouveaux produits développés en recourant à l'expérimentation animale ne doivent en outre plus pouvoir être importés.

Parmi les soutiens à l'initiative populaire figurent environ 80 organisations et entreprises, des représentants du PS et des Verts ainsi que des groupes de protection des animaux et des partis animaliers. La Protection suisse des animaux (PSA) n'en fait pas partie.

Le Parlement a recommandé le rejet de l'initiative sans une seule voix favorable. Le Conseil fédéral la rejette également.

(ATS)

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