«Je veux juste reprendre ma vie, ça fait treize ans et ça suffit», a lancé la pop star qui s'exprimait, à sa demande expresse, lors d'une audience menée via internet.
Britney Spears a parlé de manière ininterrompue pendant plus d'une vingtaine de minutes, avec un débit extrêmement rapide et en enchaînant les arguments pour demander à la juge Brenda Penny de lever cette mesure judiciaire qui lui fait selon elle «plus de mal que de bien».
«Je pense vraiment que cette tutelle est abusive», a-t-elle lancé. «J'ai dit au monde que je suis heureuse et que je vais bien» mais «je suis traumatisée», a ajouté l'artiste de 39 ans. «Je ne suis pas heureuse, je ne peux pas dormir. Je suis tellement en colère», a-t-elle insisté, assurant «pleurer tous les jours».
Britney Spears a été placée sous tutelle en 2008, après une descente aux enfers très médiatisée à l'époque. Les conditions en sont très strictes et stipulent que les décisions concernant la chanteuse sont prises notamment par son père, Jamie Spears, avec lequel elle entretient de longue date des relations difficiles.
Ces dispositions ont été vivement contestées ces dernières années et l'avocat de Britney Spears a récemment demandé au tribunal de remplacer Jamie Spears par la tutrice professionnelle qui co-gère actuellement son cas avec son père.
La chanteuse a d'ailleurs critiqué mercredi l'attitude de sa famille, dont son père, dans ce dossier. «Ma famille n'a rien fichu du tout», a-t-elle affirmé.
Son avocat commis d'office, Samuel Ingham, avait déjà affirmé devant le tribunal que la chanteuse avait «peur de son père» mais c'est la première fois que la jeune femme tient des propos aussi virulents en public.
Dans une brève déclaration lue devant le tribunal, Jamie Spears a dit être «désolé de la voir dans une telle souffrance» et affirmé qu'il aimait «beaucoup» sa fille.
Bien qu'occasionnellement présente sur les réseaux sociaux pour garder le contact avec ses fans, la star s'était jusqu'à présent abstenue d'aborder en public sa tutelle ou ses relations difficiles avec son père. Elle a dit mercredi à la juge qu'elle ignorait avoir le droit de demander la levée de cette mesure.
Selon des documents judiciaires cités par le New York Times, Britney Spears a toutefois exprimé à plusieurs reprises une nette opposition aux conditions de son régime de tutelle. «Elle a déclaré qu'elle avait le sentiment que la tutelle était devenue un moyen de contrôle oppressant à son encontre», écrit dans un rapport daté de 2016 un enquêteur judiciaire chargé du dossier.
Selon le rapport cité par le quotidien, Britney Spears a informé l'enquêteur qu'elle souhaitait faire cesser ce régime de tutelle aussi vite que possible. «Elle en a 'marre qu'on profite d'elle' et dit que c'est elle qui travaille et rapporte de l'argent mais qu'elle paye pour tout le monde autour d'elle», poursuit le document.
Le New York Times assure par exemple qu'en vertu de cette tutelle, la chanteuse doit payer non seulement ses propres frais d'avocat mais aussi ceux, assez considérables, des tuteurs qui contestent ses demandes devant le tribunal.
Toute cette polémique n'a fait que raviver la campagne #FreeBritney (#LibérezBritney en français) orchestrée dans la rue et sur les réseaux sociaux par certains fans, persuadés que la chanteuse est maintenue contre son gré sous tutelle et qu'elle envoie des appels à l'aide codés sur son compte Instagram.
Plusieurs dizaines d'entre eux étaient présents mercredi devant le tribunal pour manifester leur soutien à leur idole.
Au cours de la longue période de dépression qui a suivi sa demande de divorce avec Kevin Federline en 2006, et la perte de la garde de ses enfants en 2007, on a notamment pu voir Britney Spears pieds nus à une station-service ou se rasant le crâne.
Sa mise sous tutelle n'a pas empêché l'artiste de rester active professionnellement: elle a sorti trois albums et a assuré une série de spectacles en résidence à Las Vegas, effectuant par ailleurs quelques apparitions dans des shows télévisés.
En janvier 2019, elle a toutefois annoncé qu'elle suspendait jusqu'à nouvel ordre ses activités artistiques.
(ATS)