«Le verdict du tribunal de Lefortovo du 22 mars est inchangé» et entre en vigueur «immédiatement», a déclaré un juge du tribunal municipal de Moscou. En première instance, l'opposant au président Vladimir Poutine, qui purgeait déjà une peine en colonie dite en «régime normal», avait été condamné à neuf ans de prison en régime «sévère», où les conditions de détention sont plus rudes.
Il était accusé notamment d'avoir détourné des millions de roubles de dons versés à ses organisations de lutte contre la corruption. Cette peine comprend celle prononcée en mars 2021 pour «fraude», dans une affaire remontant à 2014 et impliquant l'entreprise française Yves Rocher. Les avocats de l'opposant ont aussitôt indiqué qu'ils formeraient un pourvoi contre ce jugement.
Pas mâché ses mots
Alexeï Navalny comparaissait en visioconférence depuis la colonie de Pokrov, à 100 km de Moscou, où il purgeait sa première peine. Enfermé dans une cage, il a écouté le verdict attentivement et d'un air maussade. Appelé à s'exprimer avant la clôture des débats, l'opposant n'a pas mâché ses mots, en dépit de plusieurs rappels à l'ordre du tribunal. «Je méprise votre tribunal, votre système», a-t-il lancé, estimant que ce procès n'avait «pas de sens».
«Bien sûr que je n'ai pas envie d'être en cellule», a-t-il déclaré. «Je préfèrerais voir mes enfants grandir. Mais j'appelle les gens à ne pas avoir peur. Avoir peur, c'est un crime contre notre avenir», a-t-il poursuivi.
Alexeï Navalny avait été arrêté en janvier 2021 à son retour de Berlin, où il avait passé plusieurs mois en convalescence après un empoisonnement, dont il tient Vladimir Poutine pour responsable. Ce dernier dément catégoriquement et aucune enquête n'a été ouverte. Cette arrestation a marqué le point de départ de l'accélération d'une vaste répression de tous les mouvements anti-Kremlin et médias indépendants en Russie. Celle-ci s'est encore accrue depuis le 24 février et la décision de Vladimir Poutine de lancer une offensive militaire contre l'Ukraine.
(ATS)