En 2021
«iel» est le mot de l'année en Suisse romande

La pandémie continue à marquer le vocabulaire quotidien, mais le mot de l'année 2021 en Suisse romande est lié à l'identité de genre: il s'agit de «iel». Il devance les termes «précarités» et «variants», selon la Haute école zurichoise des sciences appliquées (ZHAW).
Publié: 07.12.2021 à 10:59 heures
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Dernière mise à jour: 07.12.2021 à 13:54 heures
En pleine pandémie, "iel" a constitué un autre sujet de débat au sein des médias et de la population en Suisse romande. Il faut dire que les néologismes grammaticaux sont très rares (photo symbolique).
Photo: Dominic Favre

«Iel» est un nouveau pronom, c'est-à-dire un terme grammatical, une catégorie de mots dans laquelle les néologismes sont rares. «Il s'agit donc d'un remarquable phénomène linguistique, indépendamment de la question de sa légitimité», indique mardi le département de linguistique de la ZHAW.

En novembre, «iel» a fait une entrée fracassante dans le dictionnaire «Le Robert». La démarche a entraîné de fortes réactions. Il est défini comme un «pronom personnel sujet de la troisième personne du singulier et du pluriel». Le mot est employé pour évoquer une personne, quel que soit son sexe biologique.

Ce néologisme grammatical cristallise une réflexion sur la langue française, ses normes et ses usages. Il traduit aussi un besoin exprimé notamment par une partie de la jeunesse de retravailler le rapport entre langue et identité. «Iel» constitue un signe fort que la langue française vit et se développe avec la société qui évolue, écrit la ZHAW. C'est le mot de l'année, car il nous confronte au changement et nous invite au débat.

Précarité, variant, certificat, autres reflets de 2021

En deuxième position, le mot «précarité» était dans toutes les bouches en cette année de pertes d'emploi, de factures impayées, de fermetures d'enseignes et de personnel soignant éreinté. Les effets de la pandémie ont été évidents sur le vocabulaire de tous les jours des Romandes et des Romands.

Plus directement virologique, le pluriel «variants» a distingué 2021 de 2020. Après l'arrivée du Covid-19 en Europe l'an dernier, autorités et habitants ont commencé à compter les variants cette année et à leur donner des noms inspirés de l'alphabet grec. Ce pluriel indomptable remet tout en question à grands coups de mutations, souligne la ZHAW. Il suggère aussi que le nombre n'est pas épuisé.

En Suisse alémanique, la pandémie a aussi dominé l'usage de néologismes en 2021. Ainsi, «Impfdurchbruch» y est le mot de l'année. Il signifie littéralement «percement du vaccin» et décrit l'infection au coronavirus d'une personne vaccinée contre le Covid-19. Il incarne la virulence des nouveaux variants et le fait que le vaccin ne protège que partiellement contre une infection. Il protège surtout contre une évolution grave de la maladie.

Côté italophone, «certificato» est le mot de l'année 2021. Désignant le certificat Covid, l'usage omniprésent de ce mot en Suisse italienne montre que la pandémie continue à préoccuper la population dans toutes les régions linguistiques.

Pour les Romanches, le mot de l'année est «respect». Son usage répété révèle la préoccupation de la population face au fossé qui sépare la majorité vaccinée et la minorité refusant de se faire vacciner. Dans les vallées grisonnes romanchophones, il a souvent été utilisé pour marquer l'importance de surmonter les clivages en respectant l'opinion divergente.

(ATS)

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