Les autorités russes ont ouvert vendredi une enquête contre une élue d'opposition enceinte, Khelga Pirogova, accusée de «diffusion de fausses informations» après avoir critiqué l'organisation de funérailles fastueuses pour des soldats tués en Ukraine.
Dans un communiqué, le Comité d'enquête russe, chargé des principales affaires criminelles, a indiqué qu'elle était poursuivie pour «diffusion publique d'informations fausses sur l'utilisation des forces armées».
Selon l'article du code pénal invoqué, elle risque trois ans de prison. Elle a été brièvement détenue et interrogée jeudi au commissariat central de Novossibirsk, en Sibérie, où elle est députée municipale. Contactée par l'AFP, la jeune opposante a dit être enceinte de quatre mois. «Ils ont besoin d'un ennemi intérieur avec lequel ils peuvent lutter facilement, car ils ont plus de mal avec leur ennemi extérieur», a-t-elle dit.
Le 15 juillet, Khelga Pirogova avait réagi sur Twitter à un article du média indépendant Mediazona évoquant des funérailles fastueuses organisées pour des volontaires russes tués lors du conflit en Ukraine. «Ces funérailles luxueuses sont organisées pour rien», avait-elle écrit, ajoutant vouloir «ressusciter» ces volontaires, «les gifler et les renvoyer dans leurs tombes».
Du côté de chez Navalny
Face au scandale suscité par ces déclarations, reprises dans des médias russes qui avaient appelé à la punir, Khelga Pirogova a depuis effacé ce tweet. Dans un message publié mercredi sur Facebook, elle a reconnu que sa réaction avait été «trop émotionnelle». Elle dit avoir été choquée que les autorités cherchent à compenser la douleur des proches de soldats tués, qui vivent «dans la pauvreté», avec de grandes funérailles.
Khelga Pirogova, 33 ans, est députée municipale à Novossibirsk depuis 2020. Elle avait fait campagne avec l'équipe locale du principal opposant russe, Alexeï Navalny, qui purge une peine de neuf ans de prison. En mars dernier, elle était apparue à la réunion du conseil municipal de Novossibirsk vêtue d'une chemise bleue et d'une couronne de fleurs jaunes, les couleurs de l'Ukraine.
Depuis l'offensive du Kremlin fin février, la moindre critique de l'opération peut valoir de lourdes amendes ou de graves poursuites judiciaires. Le 8 juillet, un élu municipal moscovite, Alexeï Gorinov, a été condamné à sept ans de prison pour avoir dénoncé l'assaut russe contre l'Ukraine.
(AFP)