Deux jours d'audition
Boris Johnson présente ses excuses pour le «party gate» en plein Covid

Publié: 06.12.2023 à 14:47 heures
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Dernière mise à jour: 06.12.2023 à 16:02 heures
Boris Johnson est arrivé dès 07h00 du matin dans le bâtiment, soit trois heures avant le début de l'audience.
Photo: ANDY RAIN

L'ex-Premier ministre britannique Boris Johnson a présenté mercredi ses excuses aux familles des victimes du Covid-19. Il a reconnu s'être «trompé sur certains points», lors de son audition dans le cadre de l'enquête publique sur la pandémie. «Je suis profondément désolé pour la douleur, les pertes et la souffrance» de ces victimes et leur famille, a dit Boris Johnson, en introduction de cette audience très attendue. Ces excuses ont cependant été interrompues par quatre manifestants affirmant «nous ne voulons pas de ses excuses!», avant d'être expulsés de la salle. Le Covid-19 a tué plus de 232'000 personnes au Royaume-Uni.

«Inévitablement, nous nous sommes trompés sur certains points», a poursuivi l'ex-chef du gouvernement conservateur, disant assumer «personnellement la responsabilité» des décisions prises à l'époque. «Je pense que nous avons fait de notre mieux (...) dans des circonstances très difficiles. (...) Y a-t-il des choses que nous aurions dû faire différemment? Incontestablement». Boris Johnson va devoir répondre à des questions difficiles lors de cette audition prévue pour durer deux jours, après de vives critiques d'anciens collaborateurs.

Indifférence, incompétence?

Depuis le début des audiences en juin, plusieurs conseillers et scientifiques ont décrit un Premier ministre dépassé, indécis, peu soucieux des victimes lorsque la pandémie a éclaté début 2020, et un gouvernement divisé et chaotique. Boris Johnson a-t-il pris trop de temps pour imposer un premier confinement fin mars 2020? Avait-il pris la mesure de la pandémie ? Comprenait-il les données scientifiques? Était-il indifférent aux victimes et notamment aux personnes âgées?

«C'était la mauvaise crise pour les compétences du Premier ministre», a estimé fin octobre devant la commission Lee Cain, ancien directeur de la communication à Downing Street. Il a raconté un Boris Johnson repoussant les décisions et changeant sans cesse d'avis, en fonction de la dernière personne lui ayant parlé. Brillant orateur, Boris Johnson, 59 ans, plus prompt à botter en touche avec humour qu'à répondre avec précision, a fort à faire pour convaincre qu'il était l'homme de la situation début 2020.

Ses excuses ont déjà été rejetées par Aamer Anwar, l'avocat d'une association écossaise de victimes du Covid. «Au lieu de résoudre la crise», l'ex-Premier ministre a «présidé à une orgie de narcissisme totalement dégoûtante», a-t-il déclaré à des journalistes. «Il a laissé les corps s'empiler et les personnes âgées être traitées comme des déchets toxiques», a-t-il ajouté.

Rejet catégorique des accusations

L'ex-Premier ministre a soigneusement préparé sa défense, lu 6000 pages de documents, et s'est enfermé pendant des heures avec ses avocats, selon plusieurs médias. Mercredi matin, il est arrivé trois heures avant le début de l'audience. «C'est la première fois que Boris est en avance pour quelque chose», a plaisanté sur Sky News le ministre de la Police Chris Philp. Après ses excuses, il devrait affirmer que le gouvernement a contribué à sauver des dizaines, voire des centaines de milliers de vies, et insister une fois encore sur le programme de vaccination mis en place début 2021, plus rapidement que de nombreux pays. Boris Johnson avait lui-même failli mourir du Covid-19 en avril 2020.

Le 23 mars 2020, un premier confinement avait été imposé aux Britanniques, suivi de deux autres. Des fêtes illégales à Downing Street durant cette période ont fait scandale, et contribué à la chute de Boris Johnson, contraint à la démission en juillet 2022. «Il est incapable de diriger», se lamentait à l'automne 2020 dans des messages WhatsApp le secrétaire général de Downing Street Simon Case, le plus haut fonctionnaire du pays. «Il change de direction stratégique tous les jours», se désespérait-il.

Martin Reynolds, ancien secrétaire particulier de M. Johnson, a aussi décrit un gouvernement à la culture dysfonctionnelle et machiste. D'autres ont dénoncé une culture «toxique».

L'ex-Premier ministre britannique devrait aussi catégoriquement rejeter des accusations de son ancien chef de cabinet, devenu pire ennemi, Dominic Cummings, qui l'a décrit comme aux abonnés absents durant les premiers jours de la pandémie, car il travaillait à un livre sur Shakespeare.

(ATS)

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