Toxiques, durables, omniprésentes, les substances per- et polyfluoroalkylées, ou PFAS, envahissent le quotidien en Suisse. Une récente enquête du magazine «Saldo» a montré que ces substances sont déjà présentes dans le sang des enfants en quantités inquiétantes.
Les PFAS sont utilisés dans le monde entier. Il existe des milliers de composés. Ils se répandent dans l'air, les rivières et les mers, jusque dans l'Arctique. Problème: ils ne sont pas dégradables et restent donc très longtemps dans l'environnement. C'est pourquoi on les appelle aussi «polluants éternels». Ces substances sont utilisées dans de nombreux produits du quotidien et rendent des produits tels que les cosmétiques, les poêles en téflon et les textiles résistants à la chaleur ainsi qu'aux graisses et à l'eau.
A lire aussi
«Il est urgent d'agir pour réduire la pollution»
Les PFAS peuvent se retrouver dans le sol et dans les eaux environnantes via l'air évacué des entreprises industrielles. Mais il existe aussi d'autres voies. En Suisse, les produits chimiques ont été utilisés comme engrais jusqu'en 2006. Ces intrants s'accumulent dans les plantes, sont présents ensuite chez les animaux et atteignent ainsi l'homme. C'est ce que démontre également l'enquête de «Saldo».
Le magazine a confié des échantillons de sang de 35 personnes au laboratoire Medica de Zurich. Le sang a été analysé afin de déterminer la présence d'acide perfluorooctanoïque (PFOA) et d'acide perfluorooctanosulfonique (PFOS), deux substances présentes dans les PFAS. Résultat: tous les échantillons de sang contenaient des traces de ces polluants éternels, et ce, même en quantités pathogènes. Une «nécessité d'action urgente pour réduire l'exposition» a été démontrée chez trois femmes. Plus frappant encore, même les enfants sont touchés. Ainsi, le test a révélé qu'un enfant de 7 ans et sa sœur de 9 ans avaient déjà des traces de ces produits chimiques dans le sang.
Néfastes, les PFAS présentent toute une série de risques pour la santé: ils influencent le système hormonal et immunitaire, le taux de cholestérol et augmentent le risque de maladies cardio-vasculaires. Ils ont en outre des effets négatifs sur le foie et les reins. Les évaluations des risques réalisées par l'Autorité européenne de sécurité des aliments montrent que des taux élevés de PFAS dans le sang des enfants peuvent rendre les vaccins moins efficaces, car la concentration d'anticorps diminue.
«Les PFAS doivent être interdits»
Ce poison industriel fait régulièrement la une des journaux en Suisse. En octobre, le canton de Saint-Gall a stoppé la vente de viandes qui présentaient des taux de PFAS étaient trop élevés. Un mois plus tard, on apprenait que des poissons de Bâle étaient contaminés par ce produit chimique.
La Suisse a interdit l'utilisation du PFOA cancérigène depuis juin 2021, le PFOS est également largement interdit depuis 2011. Malgré ces interdictions, il existe de nombreuses autres substances PFAS qui peuvent encore être utilisées. Le chimiste cantonal Kurt Seiler, qui a participé à l'enquête de «Saldo», estime que «les PFAS doivent être interdits».