Demande d'armes lourdes
Le président ukrainien dénonce une «situation inhumaine» à Marioupol

La situation dans le port stratégique de Marioupol est «inhumaine», a déclaré samedi soir le président ukrainien, appelant les Occidentaux à fournir «immédiatement» les armes lourdes qu'il réclame. La Russie affirme contrôler la quasi totalité de la ville.
Publié: 17.04.2022 à 09:09 heures
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Dernière mise à jour: 17.04.2022 à 09:10 heures
Un habitant regarde les dommages infligés à un immeuble d'habitation à Marioupol, où la situation est "inhumaine", selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Photo: Alexei Alexandrov

«La situation à Marioupol reste aussi grave qu'elle est possible de l'être. Tout simplement inhumaine», a lancé Volodymyr Zelensky dans un message vidéo. «C'est ce que la Fédération de Russie a fait. A fait délibérément. (...) La Russie essaie délibérément de détruire quiconque se trouve à Marioupol», dans le sud-est de l'Ukraine.

Selon lui, il n'existe que «deux options»: «Soit les partenaires fournissent à l'Ukraine toutes les armes lourdes nécessaires, les avions et, sans exagération aucune, immédiatement» pour «réduire la pression sur Marioupol et lever le siège» de cette ville habitée par 441'000 personnes avant l'invasion le 24 février.

«Soit la voie de la négociation, dans laquelle le rôle des partenaires devrait également être décisif», a poursuivi le président ukrainien, affirmant que la recherche d'une solution «militaire ou diplomatique» était une activité «quotidienne» depuis le début du blocus mais s'avérait «extrêmement difficile».

Cesser les combats

Des propos publiés au moment où le ministère russe de la Défense demandait aux derniers combattants ukrainiens retranchés dans le complexe métallurgique d'Azovstal de cesser les combats dimanche à 06h00 heure de Moscou (05h00 suisses), et d'évacuer les lieux avant 13h00 (12h00 suisses). «Tous ceux qui auront abandonné les armes auront la garantie d'avoir la vie sauve», a assuré le ministère sur Telegram. «C'est leur seule chance». A part cette poche de résistance, «l'entièreté du territoire de la ville de Marioupol a été débarrassée des militants de la formation nazie Azov, des mercenaires étrangers et des militaires ukrainiens», a-t-il affirmé.

«Opérations d'assaut près du port»

Au petit matin dimanche, l'état-major ukrainien a indiqué que des frappes aériennes avaient été menées sur la ville par les Russes depuis les régions de Donestk et de Tavriya. «Ils ont aussi effectué des opérations d'assaut près du port», a-t-il détaillé dans un communiqué, sans toutefois évoquer l'appel à déposer les armes ni la revendication russe sur la prise de la grande partie de la ville.

La prise de cette cité serait une victoire importante pour les Russes car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.

Plus tôt, le président ukrainien avait menacé d'arrêter les négociations de paix avec Moscou si les derniers soldats ukrainiens à Marioupol étaient «éliminés». «Il n'y a ni nourriture, ni eau, ni médicaments», s'est-il emporté auprès de médias, accusant les Russes de «refuser» la mise en place de couloirs humanitaires.

Selon le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial David Beasley, plus de 100'000 civils sont au bord de la famine à Marioupol, manquant également d'eau et de source de chauffage.

«Dix fois Borodianka»

En termes de bilan humain, «Marioupol, cela peut être dix fois Borodianka», une localité située non loin de Kiev détruite après avoir été pilonnée et théâtre d'exactions présumées pendant son occupation, a martelé le président ukrainien. L'armée russe a de nouveau orienté ses missiles vers Kiev qui avait bénéficié d'un peu de répit ces derniers temps. Motivée par la vengeance après la perte de son fleuron dans la mer Noire, le croiseur Moskva.

Une frappe russe a touché vendredi un complexe de la région de Kiev produisant des missiles Neptune. Et samedi une personne a été tuée et «plusieurs» ont dû être hospitalisées à la suite d'une frappe contre un complexe industriel du quartier de Darnytsky, dans la périphérie de Kiev, qui fabrique notamment des chars, a annoncé le maire de la capitale Vitali Klitschko. Un grand nombre de militaires et de policiers étaient présents après l'attaque, empêchant l'accès à ces installations, d'où s'échappait de la fumée, a raconté un journaliste de l'AFP. La Russie a pour sa part affirmé que «des bâtiments de production d'une usine d'armement à Kiev» avaient été détruits.

Les forces russes ont en outre bombardé samedi une raffinerie de pétrole dans l'est de l'Ukraine, à quatre kilomètres de Lyssytchansk, tout près de la ligne de front, ont déclaré les autorités locales. Depuis la route longeant le site, des journalistes de l'AFP ont pu voir en fin d'après-midi des cuves encore en feu et un long panache de fumée noire poussé par le vent.

L'Ukraine a par ailleurs affirmé avoir détruit samedi matin quatre missiles de croisière tirés par des avions russes ayant décollé du Bélarus voisin sur la région de Lviv, dans l'ouest.

«Abatu en vol un avion»

Dans la région méridionale ukrainienne d'Odessa, «la défense antiaérienne russe a abattu en vol un avion de transport militaire ukrainien, livrant un important lot d'armes fournies à l'Ukraine par des pays occidentaux», a de son côté affirmé samedi le ministère russe de la Défense.

Volodymyr Zelensky a de nouveau appelé samedi le monde à «se préparer» en vue de l'éventuelle utilisation par la Russie de ses armes nucléaires. «Il faut des médicaments (contre les radiations), des abris antiaériens», a-t-il lâché. Selon lui, environ 2500 à 3000 soldats ukrainiens sont morts et une dizaine de milliers ont été blessés depuis le début de la guerre.

Près de cinq millions de personnes ont fui l'Ukraine depuis le 24 février, a fait savoir le Haut Commissariat de l'ONU pour les réfugiés, précisant que 40'200 personnes de plus avaient quitté leur pays ces dernières 24 heures.

(ATS)

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