Des uniformes et chansons d'époque, les cercles olympiques tracés au sol: le traditionnel défilé militaire du 14-Juillet, à l'occasion de la fête nationale française, a été placé sous le sceau du 80e anniversaire du débarquement des alliés en France et des JO. Dans une France en pleine instabilité politique, au lendemain d'élections législatives anticipées n'ayant pas dégagé de majorité absolue pour les principaux camps, et sans visibilité sur le prochain gouvernement, le président Emmanuel Macron a ouvert le défilé du 14 juillet dans le calme, debout dans un véhicule de commandement.
Le chef de l'Etat, qui avait pu être sifflé par une partie de la foule en 2019, alors que le mouvement de contestation populaire des Gilets jaunes agitait régulièrement la France, a descendu l'avenue Foch devant un public clairsemé, l'accès à la cérémonie ayant été restreint pour des questions de sécurité. Les installations nécessaires à la tenue des prochains Jeux olympiques de Paris ont obligé la parade militaire organisée chaque année le 14 juillet à délaisser la célèbre avenue parisienne des Champs-Elysées.
Répétitions à douze jours de la cérémonie d'ouverture
La cérémonie s'est distinguée par des rappels au 80e anniversaire de la Libération. L'orchestre militaire a d'abord joué la bande originale du «Jour le plus long», film culte des années 1960 consacré au débarquement américain en France, le 6 juin 1944. Des jeeps et autres véhicules d'époque, conduits par des soldats en uniforme d'antan, ont également tourné devant la tribune officielle, devant laquelle les cinq cercles de l'olympisme ont été tracés.
Quelques militaires portant les drapeaux des 31 pays – 14 d'Occident et 17 d'Afrique et du Maghreb – ayant participé à cette page d'Histoire, ont également défilé. Aucun char ni blindé n'a en revanche participé à la fête. Et JO obligent, aucune personnalité étrangère n'a été invitée cette année. Un contraste avec les fastes cérémonies de 2023, en présence du premier ministre indien Narendra Modi. Quelque 22 hélicoptères et 45 avions, dont deux américains et deux britanniques, ont traversé le ciel parisien. Et 162 chevaux de la Garde républicaine ont défilé au sol.
Un des objectifs de l'édition 2024 est de «mettre en avant les liens entre les armées et les valeurs de l'olympisme», à douze jours de la cérémonie d'ouverture dans la capitale française, avec en tableau final un relais à cheval de la flamme olympique, selon le gouverneur militaire de Paris, le général Christophe Abad. Quelque 18'000 militaires doivent participer à la sécurité des JO (26 juillet-11 août), en appui des 45'000 forces de sécurité intérieure, police et gendarmerie.
L'Ukraine en filigrane
«Par votre engagement au service du succès des Jeux, parfois à travers vos propres athlètes, vous prendrez toute votre part à cette saison d'unité et de rayonnement de la Nation», a salué samedi Emmanuel Macron devant un parterre de hauts gradés. Les armées françaises attendent de découvrir le nom de leur futur ministre, appelé à remplacer Sébastien Lecornu, et de connaître l'avenir de leur budget, en hausse constante depuis 2017.
Samedi, Emmanuel Macron a estimé «nécessaire» un «ajustement» du budget défense en 2025 en raison du «rapprochement des menaces», alors que des priorités nouvelles ont émergé ces dernières années à la faveur de la guerre en Ukraine, à l'instar des drones armés, devenus incontournables sur le champ de bataille. Mais «je parle bien d'ajustement et non de remise à plat», a souligné le président, en assurant que «les ambitions et les fondements sont invariables pour la défense de notre pays».
La loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, prévoit une hausse de 40% par rapport à la précédente LPM avec 413 milliards d'euros sur sept ans. La célèbre Patrouille de France clôturera la cérémonie en dessinant dans le ciel les couleurs du drapeau français, au-dessus d'une tribune présidentielle plus étroite qu'à l'accoutumée.