Selon un communiqué du Parquet russe, l'affaire relève d'une «plainte interétatique contre l'Ukraine en accord avec l'article 33 de la Convention européenne des droits de l'homme», qui statue sur les affaires entre Etats à la CEDH.
La Russie accuse les autorités pro-occidentales de Kiev d'être responsables de la mort de civils lors du soulèvement du Maïdan en Ukraine en 2014, et durant la guerre qui a suivi contre des séparatistes prorusses dans l'est du pays, qui a fait plus de 13'000 morts. Le crash du vol MH17, abattu en 2014, est également en cause.
Accusations de bombardements
Moscou accuse également son voisin d'être responsable de bombardements ayant tué et blessé des citoyens russes dans le sud de la Russie.
«Les forces armées ukrainiennes mènent des hostilités qui représentent une menace réelle pour la vie et la santé des citoyens russes qui habitent dans les régions frontalières, et force des milliers de citoyens ukrainiens à trouver refuge en Russie», poursuit le communiqué.
Vol MH17
Moscou tient aussi Kiev pour responsable de la destruction du vol MH17 de Malaysia Airlines en juillet 2014 au dessus du territoire ukrainien, une tragédie qui a fait 298 morts.
Selon les enquêteurs internationaux, cet avion de ligne a été détruit par un missile BUK acheminé dans la zone du conflit depuis la Russie. Il aurait été tiré par les séparatistes qui croyaient abattre un avion militaire ukrainien. Un procès en contumace dans cette affaire a commencé en mars aux Pays-Bas.
Pour Moscou, l'Ukraine est responsable pour n'avoir pas fermé son espace aérien dans la région, alors qu'une guerre y avait lieu.
Mesures discriminatoires
Le Parquet russe accuse aussi Kiev de mesures discriminatoires envers les russophones habitant en Ukraine ou d'avoir coupé les livraisons en eau à la Crimée, péninsule ukrainienne annexée en 2014, ce qui a mené à «des conséquences humanitaires, environnementales et économiques extrêmement négatives».
Le ministre ukrainien de la Justice, Denys Maliouska, s'est moqué de cette plainte sur le réseau social Facebook, estimant que Moscou confondait l'institution strasbourgeoise avec un talk-show télévisé russe.»Dans la plainte déposée à la CEDH, ils ont exposé tous les mythes de la propagande russe», a-t-il affirmé, ajoutant qu'une «défaite inévitable les attend».
Impartialité demandée
Le ministère russe des Affaires étrangères a lui estimé que la CEDH devait étudier attentivement ses dossiers et traiter la requête russe de manière «impartiale». Interrogé, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a estimé que cette requête était «absolument légale».
«Vladimir Poutine a parlé des processus très négatifs qui ont lieu actuellement en Ukraine. La Russie est en droit d'attendre une réaction» de la CEDH, a-t-il ajouté.
Si les affaires interétatiques restent relativement rares devant la CEDH, l'Ukraine a déposé plusieurs requêtes contre la Russie, notamment liées à l'annexion de la Crimée.
En juillet 2020, le gouvernement néerlandais avait pour sa part annoncé traduire la Russie devant la CEDH «pour son rôle dans la destruction» de l'avion du vol MH17.
(ATS)