Le géant de l'informatique LinkedIn était l'une des rares entreprises américaines d'internet à avoir réussi à imposer en Chine un réseau social en dépit de la censure et d'une stricte réglementation locale. Microsoft offrait dans le pays une version spécifique de son réseau professionnel en se pliant, par le biais d'une coentreprise locale, à ces règles draconiennes.
En 2021, le champion des contacts professionnels avait rendu inaccessible son application «LinkedIn» en Chine continentale, citant un «environnement opérationnel difficile» et «de plus grandes exigences en matière de conformité aux règlements en vigueur». Il l'avait remplacée par une version locale et simplifiée, nommée InCareer, qui permettait aux professionnels locaux de continuer à trouver et à postuler à des emplois ainsi que de rester connectés avec leur réseau.
«Après mûre réflexion, nous avons pris la décision de mettre fin à InCareer à compter du 9 août 2023», a indiqué mardi le réseau social dans un communiqué. «Malgré nos progrès initiaux, InCareer a dû faire face à une concurrence féroce et à un climat macroéconomique difficile, ce qui nous a finalement amenés à prendre la décision d'interrompre le service» en Chine, s'est justifié LinkedIn.
Législation locale stricte
Le réseau américain a connu dans le pays un rapide essor favorisé par une culture du réseau ("guanxi"), où le carnet d'adresses, les relations et le réseau professionnel tiennent une place primordiale. LinkedIn était toutefois de plus en plus marginalisé ces dernières années au milieu d'une multitude d'applications locales particulièrement innovantes.
La plupart des multinationales américaines d'internet (Facebook, Twitter, Instagram, YouTube...) sont bloquées en Chine de longue date, à défaut de se plier à une législation locale stricte et aux contours pas toujours clairs. Les géants de la tech sont poussés à bloquer en ligne tous les contenus indésirables et sujets considérés comme politiquement sensibles au nom de la stabilité sociale.
LinkedIn avait été critiqué ces dernières années pour avoir retiré des comptes de dissidents et effacé des contenus politiquement sensibles de ses pages.
(ATS)