Le rapport d'experts de la commission sur le service postal universel dirigée par l'ancienne conseillère aux Etats Christine Egerszegi suggère notamment que dès 2030, les lettres ne soient plus distribuées qu'un jour sur deux. Elle demande aussi que l'accent soit davantage mis sur les colis, contrairement à la distribution de journaux qui ne devrait plus être prioritaire.
Dans une réaction, La Poste «salue la tenue d'une vaste discussion sur le service postal du futur. Les différents points soulevés seront examinés minutieusement». Le CEO de l'entreprise, Roberto Cirillo, s'exprimera lors d'un point de presse en ligne le 4 mars.
En attendant, la Poste assure qu'elle ne souhaite pas renoncer au courrier A. «Ce n'est pas une option.» «La distribution du courrier dans la boîte aux lettres du destinataire le jour qui suit le dépôt est un service très apprécié par la clientèle privée et commerciale», précise-t-elle.
Concernant les journaux, La Poste entend continuer à assurer leur distribution. Mais contrairement au courrier A, ce service n'est pas rentable. L'entreprise estime donc qu'il doit revenir aux éditeurs de journaux, notamment, de prendre en charge le déficit si les journaux étaient exclus du service universel à partir de 2030. La Poste se verrait dans l’obligation de facturer des prix conformes au marché. Ce sera au Parlement de décider.
Concernant les paiements (versements et retraits), pour lesquels la commission propose de soumettre le service universel à un appel d'offres public, La Poste et PostFinance jugent qu'"une solution de financement durable est nécessaire (...). Dans ce contexte, il est impératif de tenir compte des interdépendances entre le réseau postal et les services de paiement». La Poste reconnaît enfin l'importance croissante de la logistique pour les colis et le commerce en ligne. Elle se dit confortée dans sa stratégie par le rapport.
Les instances politiques doivent désormais définir quels services numériques relèveront à l’avenir du service universel, et lesquels devront donc être accessibles au même prix à l’ensemble de la population, souligne le communiqué.
«Nous demandons depuis longtemps qu’une telle discussion politique ait lieu», se félicite Roberto Cirillo. L'objectif de l'entreprise est clair: «Rester la meilleure poste du monde», souligne-t-elle.
Syndicom est alertée par le rapport. «Si les propositions de la commission se concrétisent, La Poste suisse deviendrait une Poste B, et de nombreux emplois seraient menacés chez les facteurs.» Le syndicat de la communication et des médias demande par ailleurs que La Poste soit autorisée à entrer sur le marché de l'octroi de crédits et s'oppose à toute mesure débouchant sur un démantèlement du service public.
Le Groupement suisse pour les régions de montagne (SAB) s'insurge également. Les propositions de la commission conduiraient à de nouvelles coupes dans les offices postaux. Au lieu des quelque 800 filiales en exploitation propre actuellement, il n'y en aurait plus qu’environ 300», craint-il.
L'Union syndicale suisse (USS) monte aussi au créneau. «Trop de propositions visent à réduire le service public, en particulier l'exclusion du courrier A du mandat universel», critique la faîtière. Pour elle aussi, l'interdiction faite à PostFinance d'être une banque à part entière, c'est-à-dire d'octroyer des crédits ou des hypothèques, n'a pas de sens. «Cela reviendrait à interdire la farine dans une boulangerie.»
(ATS)