Avancées russes
Après la prise de Lyman, Severodonetsk menacée

De violents combats font rage dans l'est de l'Ukraine pour le contrôle de la région du Donbass. Les forces russes y menacent la grande ville de Severodonetsk, pilonnée sans relâche, après la conquête - selon Moscou - de la localité clé de Lyman.
Publié: 29.05.2022 à 06:58 heures
Vue satellite de bâtiments endommagés à Lyman, localité dont le ministère russe de la Défense a confirmé samedi avoir pris le contrôle (archives).
Photo: MAXAR TECHNOLOGIES HANDOUT

Plus de trois mois après le début de la guerre lancée par Moscou le 24 février dernier, le président français Emmanuel Macron et le chancelier allemand Olaf Scholz ont demandé au président russe Vladimir Poutine - lors d'un entretien téléphonique - d'entamer des «négociations directes sérieuses» avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Ils lui ont aussi réclamé la libération des 2500 combattants ukrainiens qui s'étaient retranchés dans l'aciérie Azovstal à Marioupol (sud-est) et qui se sont rendus aux forces russes.

Le président russe a assuré de son côté que la Russie restait «ouverte à une reprise du dialogue» avec Kiev pour régler le conflit armé, alors que les négociations de paix avec l'Ukraine sont au point mort depuis mars, selon le Kremlin.

Sur le plan militaire, l'étau russe dans le bassin minier du Donbass se resserre, notamment autour de Severodonetsk. «La Russie a engagé tous ses moyens pour s'emparer de Severodonetsk ou empêcher toute communication entre la région et l'Ukraine», a affirmé samedi soir sur son compte Telegram Serguiï Gaïdaï, le gouverneur de la région de Lougansk. «La semaine prochaine sera très dure», a-t-il admis, en considérant toutefois que les forces russes «ne seront pas en mesure de réussir tout ce qu'elles planifient dans un avenir proche».

«Les Russes ont amené beaucoup de moyens pour prendre la ville d'assaut mais ne peuvent pas encore le faire», a assuré de son côté le maire de Severodonetsk, Olexander Stryuk. Mais «nous pensons que la ville résistera», a-t-il ajouté. Il avait alerté sur l'aggravation de la situation sanitaire dans cette ville de 100'000 habitants avant la guerre.

Les «bombardements constants» compliquent beaucoup l'approvisionnement - notamment en eau potable - de la cité, privée d'électricité depuis plus de deux semaines, a-t-il écrit samedi soir sur son compte Telegram. L'activité du «centre d'aide humanitaire» de la ville a été suspendue, a-t-il précisé.

Prise de contrôle de Lyman confirmée

«L'armée (russe) détruit tout simplement la ville», avait auparavant affirmé Serguiï Gaïdaï. Selon lui, l'armée russe est entrée dans les faubourgs de la ville où elle a subi «de lourdes pertes», tandis que les forces ukrainiennes tentaient de déloger les Russes d'un hôtel.

Il répondait à un responsable policier de la république séparatiste prorusse de Lougansk, cité par l'agence Ria Novosti, qui affirmait vendredi que «la ville de Severodonetsk est actuellement encerclée», et que les troupes ukrainiennes y étaient piégées. Le dirigeant de la république russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov a revendiqué quant à lui samedi soir sur Telegram que «Severodonetsk est sous notre contrôle total (...) La ville a été libérée.»

Un peu plus à l'ouest, la prise de contrôle de la localité clé de Lyman - qui ouvre la voie aux grandes villes de Sloviansk et Kramatorsk, dans le Donbass - a été confirmée samedi par le ministère russe de la Défense. La défense territoriale de cette république «autoproclamée» par les séparatistes prorusses avait indiqué dès vendredi sur Telegram avoir «pris le contrôle complet» de Lyman, avec «l'appui» de l'armée russe.

Le président Zelensky avait reconnu que «la situation dans cette région du Donbass (était) très, très difficile», avec des frappes intensives d'artillerie et de missiles. Mais il avait estimé que «si les occupants pensent que Lyman et Severodonetsk seront les leurs, ils se trompent. Le Donbass sera ukrainien.»

Exportation sans entraves des céréales?

Après l'offensive infructueuse sur Kiev et Kharkiv (nord-est) au début de la guerre, les forces russes se sont concentrées dans l'est de l'Ukraine, avec l'objectif affiché de s'emparer totalement du Donbass, partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes prorusses soutenus par Moscou.

Alors que l'Ukraine, grande puissance agricole, ne peut plus exporter ses céréales en raison du blocage de ses ports, Vladimir Poutine a assuré, lors de sa conversation avec Emmanuel Macron et Olaf Scholz, que son pays était «prêt» à aider une exportation «sans entraves» des céréales de l'Ukraine.

«La Russie est prête à aider à trouver des options pour une exportation sans entraves des céréales, y compris des céréales ukrainiennes en provenance des ports situés sur la mer Noire», indique un communiqué du Kremlin publié à l'issue de cette conversation téléphonique.

Selon Vladimir Poutine, les difficultés liées aux livraisons alimentaires ont été provoquées par «une politique économique et financière erronée des pays occidentaux, ainsi que par les sanctions antirusses» imposées par ces pays.

Échanges compliqués avec l'Occident

Samedi à Marioupol, ville du sud-est que les Russes ont pilonnée pendant trois mois avant de s'en emparer définitivement la semaine dernière, un premier bateau cargo est entré dans le port, selon l'agence de presse officielle russe TASS citant un porte-parole de l'administration portuaire prorusse.

La marine ukrainienne a réagi sur Facebook en qualifiant cette annonce de «manipulation» car selon elle, «tout en continuant à négliger les normes du droit maritime international, les groupes de navires de la Russie continuent de bloquer la navigation civile dans les eaux des mers Noire et d'Azov.»

Lors de l'entretien téléphonique, Vladimir Poutine a également jugé «dangereux de continuer à inonder l'Ukraine avec des armes occidentales», mettant en garde contre des risques de «déstabilisation ultérieure», selon le Kremlin.

Des médias américains ont affirmé que Washington préparait la livraison de systèmes de lance-roquettes multiples (MLRS) à longue portée à Kiev, qui les réclame désespérément pour contrer le déluge de feu russe.

(ATS)

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