Il s'agit de l'incursion israélienne la plus meurtrière en Cisjordanie depuis 2005 au moins, à égalité avec celle du 26 janvier à Jénine (nord) durant laquelle 10 Palestiniens, parmi lesquels des combattants et une sexagénaire, avaient été tués.
Dans un communiqué, l'armée israélienne a indiqué avoir mené une «opération antiterroriste» en zone autonome palestinienne au cours de laquelle «trois suspects recherchés et impliqués dans des attaques armées (en Cisjordanie) et planifiant des attaques pour un futur immédiat (ont) été neutralisés».
Presque quatre heures de combat
Les forces israéliennes ont encerclé un bâtiment, avant des échanges de tirs avec les «suspects armés» qui s'y barricadaient, a indiqué l'armée. «Nous avons ensuite intensifié nos efforts et des roquettes ont été tirées sur la maison», a précisé à des journalistes un porte-parole militaire israélien, Richard Hecht.
Durant l'opération, qui a duré presque quatre heures, des pierres, des engins explosifs et des cocktails Molotov ont été tirés vers les soldats, a ajouté l'armée, précisant qu'aucun d'entre eux n'avait été blessé.
En plus de l'adolescent palestinien, neuf hommes âgés de 23 à 72 ans ont été tués au cours de l'incursion, a annoncé le ministère palestinien de la Santé.
82 personnes hospitalisées
Une foule compacte, notamment composée d'hommes armés, s'est rassemblée à Naplouse dans l'après-midi pour les funérailles, a constaté un journaliste de l'AFP.
Au moins 82 personnes ont aussi été hospitalisées pour des blessures par balles dans différents établissements de la ville, dont certaines dans un état grave, a indiqué le ministère palestinien dans un communiqué.
Le Jihad islamique a indiqué qu'un des commandants locaux de sa branche militaire faisait partie des morts.
D'après le groupe armé Areen al-Oussoud («Le Repaire des lions»), basé à Naplouse, six combattants de différentes factions palestiniennes figurent parmi les 10 morts. Dans un message publié sur Telegram, il a dit avoir mené «une bataille d'honneur» contre les forces israéliennes.
Un journaliste de Palestine TV, Mohammed Al Khatib, a été blessé lors de l'incursion, a indiqué à l'AFP un reporter de cette chaîne de télévision publique.
Moustapha Shahine, un habitant de Naplouse, a entendu des explosions et des coups de feu dans la matinée, a-t-il dit à l'AFP.
«Un grand nombre de soldats ont pris d'assaut le centre de Naplouse», a-t-il ajouté.
Israël cumule les attaques
Les forces israéliennes multiplient depuis près d'un an ce qu'elles présentent comme des opérations «antiterroristes» à la recherche de «suspects» dans le nord de la Cisjordanie, particulièrement dans les villes de Naplouse et Jénine, bastions de groupes armés palestiniens.
La dernière grande opération israélienne à Naplouse date d'octobre 2022. Cinq Palestiniens y avaient été tués dans ce raid visant le groupe Areen al-Oussoud.
Sur Twitter, le ministre palestinien des Affaires civiles Hussein al-Cheikh a dénoncé un «acte criminel prémédité et barbare» et appelé la communauté internationale à «intervenir immédiatement».
La Ligue arabe a condamné dans un communiqué «un crime horrible» tandis que la diplomatie jordanienne a appelé au calme, indiquant «travailler intensément avec toutes les parties pour y parvenir».
Niveau d'alerte élevé dans plusieurs villes
Ces derniers affrontements surviennent sur fond d'un regain de violences depuis le début de l'année en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël.
Le raid israélien dans le camp de réfugiés palestiniens de Jénine, fin janvier, avait été suivi d'échanges de tirs entre des groupes armés de la bande de Gaza et l'armée israélienne et une attaque meurtrière à Jérusalem-Est.
Mercredi, la police israélienne a indiqué élever son niveau d'alerte dans certaines villes dont Jérusalem.
Depuis le début de l'année, le conflit israélo-palestinien a coûté la vie à 59 Palestiniens (parmi lesquels des membres de groupes armés et des civils, dont des mineurs), neuf civils israéliens (dont trois mineurs) et une Ukrainienne, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de sources officielles israéliennes et palestiniennes.
(ATS)