«Les chefs des Comités de sécurité nationale du Kirghizstan et du Tadjikistan, Kamtchybek Tachiïev et Saïmoumine Iatimov, sont parvenus à un accord de cessez-le-feu» à partir de 16h00, a indiqué le Service kirghiz des garde-frontières dans un communiqué.
Si des heurts ont régulièrement lieu à la frontière entre ces deux pays empêtrés depuis des années dans une dispute territoriale, les dernières violences ont marqué une aggravation notable.
Cette escalade est intervenue alors que les dirigeants des deux pays, le président kirghiz Sadyr Japarov et son homologue tadjik Emomali Rakhmon, participent actuellement à un sommet régional de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) en Ouzbékistan.
La Russie se dit préoccupée
La Russie a exprimé vendredi sa «préoccupation» au sujet des violences, son ministère des Affaires étrangères appelant «les deux parties à prendre des mesures exhaustives et urgentes pour (...) mettre fin à toute tentative d'escalade».
Selon Bichkek, les forces tadjikes ont bombardé vendredi la ville frontalière de Batken, située dans le sud-ouest du Kirghizstan, dans une zone contestée entre les deux pays.
«Les abords de l'aéroport de Batken et des (sites) situés en lisière de la ville se sont retrouvés sous le feu de systèmes de lance-roquettes multiples. Des infrastructures civiles de la ville de Batken ont été détruites», ont déclaré les gardes-frontières kirghiz dans un communiqué.
Le ministère kirghiz de la Santé a annoncé que 31 personnes avaient été hospitalisées vendredi, selon un nouveau bilan qui s'alourdit rapidement. Au moins quatre militaires ont reçu des «blessures par armes à feu», selon les autorités régionales.
Affrontements violents
Le Comité d'Etat pour la sécurité nationale du Kirghizstan a rapporté vendredi matin que des «affrontements intenses» et «violents» se déroulaient dans la zone frontalière, accusant le Tadjikistan de «bombarder le territoire kirghiz avec tout son arsenal disponible» et de continuer à déployer des «équipements lourds».
Il a rapporté l'utilisation de «blindés lourds, de lance-roquettes multiples et de l'aviation» par le Tadjikistan. «Toutes les attaques terrestres et aériennes trouvent leur réponse de la part du côté kirghiz, ce qui empêche toute capture de territoire», a-t-il ajouté.
Les habitants de plusieurs villages frontaliers ont fui la zone de combats, a indiqué le ministère kirghiz des Situations d'urgence, annonçant l'ouverture de centres d'accueil.
Le Tadjikistan, de son côté, a accusé les forces kirghizes d'avoir ouvert le feu tôt vendredi sur des postes frontaliers tadjiks, sans faire état dans l'immédiat de victimes dans ses rangs.
L'agence de presse russe Ria-Novosti a rapporté qu'un garde-frontière tadjik avait été tué et que trois gardes-frontières avaient été blessés. Ce bilan n'a pas été confirmé de source officielle.
Les deux présidents en Ouzbékistan
Selon la diplomatie kirghize, les ministres des Affaires étrangères des deux pays se sont entretenus pour tenter de calmer la situation. Ces affrontements se déroulent alors que les présidents des deux pays participent depuis jeudi à un sommet de l'OCS à Samarcande, en Ouzbékistan. Ils sont même apparus ensemble sur une photo de groupe jeudi soir.
Des affrontements entre les deux pays en début de semaine avaient fait deux morts dans les rangs des gardes-frontières tadjiks et plusieurs blessés de part et d'autre.
La frontière entre le Tadjikistan et le Kirghizstan est le théâtre d'affrontements meurtriers réguliers. Près de la moitié des 970 kilomètres de frontière est contestée et les progrès en termes de délimitation ont été lents ces dernières années.
L'année 2021 a vu un nombre d'affrontements sans précédent opposer les deux parties, faisant plus de 50 morts et laissant craindre l'élargissement du conflit.
(ATS)