Après la promulgation de la réforme
Emmanuel Macron s'exprimera lundi pour relancer le quinquennat

La promulgation par le président de la République de la réforme des retraites n'a pas calmé les Français, des échauffourées ayant à nouveau éclaté samedi, notamment à Rennes. Pour tenter de calmer le jeu et relancer son quinquennat, Emmanuel Macron s'exprimera lundi.
Publié: 15.04.2023 à 17:59 heures
La rue n'est toujours pas calmée, après la promulgation de la réforme des retraites, avalisée pour l'essentiel par le Conseil constitutionnel. Afin de relancer son quinquennat et de tenter d'apaiser, Emmanuel Macron va s'exprimer lundi à 20h00 à la télévision.
Photo: Laurent Cipriani

Il n'aura fallu que quelques heures au président français, après l'avis favorable du Conseil constitutionnel, pour promulguer et inscrire au Journal officiel la loi sur les retraites. Une manière de tuer dans l'oeuf les maigres espoirs des syndicats de le voir surseoir à cette ultime paraphe.

La promulgation de la réforme des retraites, avec sa mesure phare de recul de l'âge de départ à 64 ans, est un nouveau signe de «mépris», ont tour à tour jugé samedi les numéros uns de la CGT Sophie Binet et son homologue la CFDT Laurent Berger, qui a déclaré sur twitter: «depuis le début, le mépris renvoyé aux travailleurs aura été constant. Mais leur dignité dans la rue est plus forte.»

Cette promulgation ultra-rapide est le signe d'un «mépris» et d'une «fébrilité», a renchéri le numéro un du PS Olivier Faure, qui a promis un «harcèlement démocratique» pour revenir sur le recul de l'âge de départ à la retraite à 64 ans. «C'est un hold-up démocratique», a lancé l'insoumis François Ruffin.

«C'est la suite logique», a répondu le ministre des Relations avec le Parlement, Franck Riester. Pour lui, «on n'a pas intérêt collectivement à revenir en permanence sur le même sujet».

Emmanuel Macron fera une «allocution» télévisée lundi soir, a annoncé l'Elysée samedi. Il doit auparavant dans la journée réunir les cadres de la majorité à l'Elysée.

«Ce n'est pas fini»

En revanche, la rencontre proposée par Emmanuel Macron aux syndicats pour mardi devra sans doute attendre: l'intersyndicale n'entend pas se rendre à l'Elysée avant le 1er mai, traditionnel rendez-vous social qu'elle souhaite transformer en «journée de mobilisation exceptionnelle et populaire» contre le cœur de la réforme: la retraite à 64 ans.

«Ce n'est pas fini», a tonné l'intersyndicale. Renouer avec elle ne sera pas chose aisée. «Il y aura du ressentiment, des cicatrices», glisse un proche du président.

Des manifestations ont accompagné vendredi la décision du Conseil, accueillie par des huées des quelque 4000 manifestants rassemblés devant l'Hôtel de ville de Paris. Plusieurs centaines de personnes sont ensuite parties en cortèges sauvages émaillés d'incidents dans le centre de la capitale, entraînant l'interpellation de 112 personnes, selon la préfecture de police.

Quelques centaines de manifestants se sont également rassemblés à Lille, Toulouse, Strasbourg ou encore à Marseille. A Rennes, notamment la porte d'un poste de police du centre-ville a été incendiée avant d'être éteinte. Même scénario sur une des portes du centre des congrès sis dans l'ancien couvent des Jacobins.

Dans la capitale bretonne, les échauffourées se sont poursuivies samedi. Les forces de l'ordre étaient en particulier confrontées à des individus du black bloc qui ont notamment mis le feu à des véhicules ou autres éléments urbains et brisé des vitrines, selon des images des chaînes d'information continue françaises.

Elisabeth Borne devait trouver des solutions

Jeudi, la mobilisation de la 12e journée de manifestations fut la deuxième plus faible depuis le début du mouvement (380'000 manifestants selon le ministère de l'Intérieur, 1,5 million selon la CGT).

Fragilisée depuis l'adoption de la réforme sans vote direct à l'Assemblée, la première ministre Elisabeth Borne devait pour sa part s'exprimer samedi après-midi, à l'occasion du Conseil national du parti présidentiel Renaissance à Paris. Elle a fait part cette semaine des conclusions de ses consultations à Emmanuel Macron, qui l'avait chargée de trouver les voies pour «élargir la majorité». Sans résultat probant à ce stade.

Samedi, Mme Borne pourrait livrer quelques pistes pour la suite... dont elle devrait continuer à faire partie. Mais les mêmes difficultés l'attendront à l'Assemblée, faute de majorité absolue.

Le Conseil constitutionnel statuera encore le 3 mai sur le deuxième projet de référendum d'initiative partagée (RIP) visant à contrecarrer la réforme, après le rejet vendredi de la première tentative portée par les parlementaires de gauche. Députés et sénateurs socialistes ont par ailleurs déjà annoncé leur intention de déposer un texte législatif demandant l'abrogation de la réforme des retraites.

(ATS)

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