Appel aux pourparlers de paix
Erdogan réitère son soutien à Kiev

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a réitéré vendredi à Istanbul un soutien sans équivoque à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky. Celui-ci a obtenu de Washington la livraison prochaine de bombes à sous-munitions.
Publié: 08.07.2023 à 07:02 heures
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Dernière mise à jour: 08.07.2023 à 09:09 heures
L'Ukraine «mérite d'intégrer l'OTAN», a jugé vendredi le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Photo: TOLGA BOZOGLU

Le chef de l'Etat turc, qui recevait Volodymyr Zelensky pour la première fois en Turquie depuis le début de la guerre en février 2022, a estimé, à quelques jours du sommet de l'OTAN à Vilnius des 11 et 12 juillet, que l'Ukraine «mérite» de rentrer dans l'Alliance atlantique. Il a appelé les deux pays, Russie et Ukraine, à «retourner aux pourparlers de paix».

Il a également annoncé, lors d'une conférence de presse commune avec Volodymyr Zelensky, la visite «le mois prochain» en Turquie du président russe Vladimir Poutine. Les Etats-Unis ont promis vendredi à l'Ukraine la livraison d'armes à sous-munitions, marquant une étape importante et saluée comme telle par le chef d'Etat ukrainien.

«C'était une décision difficile»

«Un vaste et indispensable programme d'aide à la défense de la part des États-Unis», a tweeté Volodymyr Zelensky, exprimant sa «reconnaissance au peuple américain et au président Joseph Biden». «C'était une décision difficile», a indiqué le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, soutenant cependant que c'était «la bonne chose à faire» et que les Ukrainiens avaient garanti «par écrit» qu'ils minimiseraient «les risques posés aux civils».

En revanche, Washington a douché les espoirs du président Zelensky, qui espérait l'aval des Occidentaux à l'entrée de son pays dans l'OTAN lors du sommet de Vilnius. Kiev «a encore de nombreuses étapes à franchir avant de pouvoir devenir membre», a prévenu Jake Sullivan.

Pour la première fois depuis l'été dernier, Volodymyr Zelensky, toujours vêtu de son polo kaki, a eu un long entretien en tête-à-tête avec le président turc, qui maintient des liens étroits à la fois avec Kiev et Moscou. Les deux dirigeants ont évoqué l'avenir de l'accord d'exportation des céréales ukrainiennes à travers la mer Noire malgré la guerre.

De nombreuses vies en jeu

L'accord, conclu en juillet 2022 avec le parrainage des Nations Unies et de la Turquie, expire le 17 juillet et la Russie a déclaré ne voir aucune raison de le prolonger. «Nous espérons que l'accord sera prolongé», a au contraire déclaré le président Erdogan, qui compte évoquer le sujet avec Vladimir Poutine en août.

Pour Volodymyr Zelensky, de nombreuses personnes dans le monde comptent sur ce corridor sécurisé pour se nourrir «et ces vies ne peuvent dépendre de l'humeur du président de la Fédération de Russie». Le Kremlin avait indiqué suivre «de très près» les discussions entre les chefs d'Etat turc et ukrainien, promettant de maintenir un «partenariat constructif avec Ankara» et saluant le «rôle de médiateur» du président turc.

La question de l'adhésion suédoise

Selon des experts, Volodymyr Zelensky devait encourager son homologue turc à donner son feu vert à l'adhésion de la Suède à l'Alliance atlantique, mais ce point n'a pas été évoqué devant la presse. Vendredi, le président Erdogan a indiqué que la Turquie allait prendre «la meilleure décision, quelle qu'elle soit» concernant l'adhésion de la Suède qu'Ankara bloque depuis mai 2022.

Le chef d'Etat turc, qui reproche à la Suède sa mansuétude présumée envers des militants kurdes réfugiés sur son sol, s'est dit favorable à «la politique de la porte ouverte». Mais, a-t-il enchaîné, «comment un État qui ne prend pas ses distances avec les organisations terroristes peut-il contribuer à l'OTAN?»

Avant Istanbul, le dirigeant ukrainien est passé par la Slovaquie, la République tchèque et la Bulgarie. A Bratislava, il a fustigé l'absence d'unité au sein de l'OTAN sur la question des adhésions de la Suède et de l'Ukraine. «Je pense qu'il n'y a pas assez d'unité dans ce domaine. Et c'est une menace pour la force de l'Alliance (...) C'est très important pour la sécurité du monde entier», a déclaré Volodymyr Zelensky lors d'une conférence de presse.

Demande renouvelée d'armes

La Russie compte sur «la faiblesse et la désunion de l'Alliance», a-t-il souligné, demandant de nouveaux programmes d'aide militaire pour l'Ukraine. Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a organisé une rencontre entre les dirigeants turc et suédois dès lundi dans la capitale lituanienne.

Dans la matinée à Prague, le président ukrainien avait de nouveau pressé les Occidentaux de lui livrer des armes de longue portée dont l'absence ralentit, selon lui, la contre-offensive ukrainienne en cours depuis un mois. Les armes à sous-munitions dont les Etats-Unis ont confirmé la livraison sont très controversées, car elles dispersent de nombreux petits explosifs dans un large rayon qui peuvent faire des victimes des années plus tard.

Des réactions contrastées

L'annonce américaine a révolté les organisations humanitaires, qui rappellent l'impact monstrueux de ces armes sur les civils. Sur le terrain, l'armée ukrainienne a annoncé vendredi matin avoir abattu 12 drones explosifs sur 18 lancés par la Russie. L'attaque a fait deux morts.

Le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi a fait état de «progrès» dans l'accès de son agence à la centrale nucléaire de Zaporijjia occupée par la Russie dans le sud de l'Ukraine. Moscou et Kiev s'accusent mutuellement depuis plusieurs jours d'une «provocation» imminente dans cette centrale.

(ATS)

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