Presque personne en Occident ne comprend réellement pourquoi, d'un coup, Vladimir Poutine a décidé d'envahir l'Ukraine le 24 février dernier. En Russie, le peuple dispose d'encore moins d'éléments pour comprendre la situation, à cause de la propagande et la censure.
Pourtant, de nombreux Russes descendent dans la rue pour montrer qu'ils sont contre la guerre et ne soutiennent pas «leur» président. Et toute lutte a besoin d'un symbole. Face au mystérieux «Z», qui trône désormais sur les affiches publicitaires à travers la Russie et s'immisce dans les postes de télévision des foyers, et autour duquel le Kremlin tente de rassembler soldats et civils, se tient... une vieille dame tenace et courageuse. Yelena Osipova a 77 ans et vit à Saint-Pétersbourg. Elle est devenue une icône de la résistance en Russie et de par le monde.
Le 2 mars 2022, cette femme âgée est descendue dans la rue. Avec ses pancartes, elle protestait contre les armes nucléaires. Les gens autour d'elle ont applaudi lorsqu'elle a été emmenée par deux officiers de police. Elle s'est laissée arrêter sans opposer de résistance.
Peu après, la femme de 77 ans a été libérée et est retournée manifester. Elle s'est à nouveau présentée dans la rue avec des pancartes peintes de ses mains. L'on pouvait notamment y lire ces mots: «Soldat! Dépose tes armes et sois un vrai héros». En espérant en voir apparaître d'autres sur les photos de l'AFP.
La «conscience de Saint-Pétersbourg»
Dans les années d'après-guerre, Osipova s'est fait un nom en tant qu'artiste. Aujourd'hui, elle est plus qu'une célébrité locale. Un tel geste accompli à un âge vénérable a fait chavirer les coeurs de Russie et au-delà: la vielle dame est l'icône de la résistance contre le régime poutinien.
Et son mécontentement ne date pas d'hier. Depuis deux décennies déjà, elle participe à des manifestations, toujours avec des pancartes qu'elle a confectionnées elle-même, comme le rapportent plusieurs médias indépendants.
Osipova est apparue pour la première fois dans la rue en 2002, lorsque des terroristes tchétchènes ont pris 850 personnes en otage dans un théâtre moscovite. Le message de cette femme avait, à l'époque déjà, touché de nombreux Russes. «Nous sommes tous otages d'une politique violente, provocatrice et impérialiste», clamait-elle sur la place publique.
Mais c'est en 2014 qu'elle s'est véritablement convertie en figure virale, en manifestant contre l'annexion de la Crimée. Elle a reçu divers surnoms, dont celui de «grand-mère de l'opposition» et de «conscience de Saint-Pétersbourg».
Si elle est l'une des grandes personnalités de l'opposition aujourd'hui, elle est loin d'être la seule Russe à s'opposer à la guerre dans son pays. Rien que dimanche, des manifestants sont descendus dans les rues de plus de 35 villes russes, selon les indications des défenseurs des droits civiques. Plus de 800 arrestations ont eu lieu ce jour-là. Au total, selon les données de l'ONG OVD-Info, près de 15'000 personnes ont été arrêtées depuis le début de l'invasion russe en Ukraine le 24 février.
(Adaptation par Daniella Gorbunova)