Les représentants d'une cinquantaine de pays, grandes économies et pays en développement, mais aussi la Suisse avec la conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, ont participé sur place ou à distance à ce tour de chauffe censé mettre à plat les sujets brûlants au coeur de la conférence de Glasgow dans un mois. Résultat, «il reste encore beaucoup de travail. Je ne sous-estime pas la somme de travail requise», a commenté le président de la COP26 Alok Sharma lors de la conférence de presse finale samedi.
Il a toutefois mis en avant des discussions «constructives», avec un «vrai sens de l'urgence». Il y a eu en particulier «un consensus sur le fait que nous devons faire plus pour qu'il soit possible de limiter la température à +1,5°C».
L'Accord de Paris de 2015 vise à limiter le réchauffement «bien en deçà» de +2°C, si possible +1,5°C. Mais un certain nombre de pays signataires se sont, ces dernières années, montrés réticents à reconnaître cet objectif de 1,5°C, notamment l'Arabie saoudite ou la Russie, qui ont participé à cette pré-COP à Milan.
«Nous sommes en retard»
«Bien en deçà, ça veut dire bien en deçà, malgré certains qui essaient de dire que l'objectif est +2°C», a insisté l'émissaire américain pour le climat John Kerry, notant que cela ne signifiait pas non plus «1,9 ou, 1,8, ou 1,7°C». Selon la dernière évaluation de l'ONU, les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre actuels des Etats mèneraient à un réchauffement «catastrophique» de +2,7°C. «Nous sommes en retard en matière de protection du climat», a estimé dimanche Mme Sommaruga dans un tweet.
La conseillère fédérale a mené plusieurs entretiens bilatéraux durant la conférence, notamment avec John Kerry, indique dimanche un communiqué du Département de l'environnement (DETEC). Tous deux s'accordent à dire que, face à l’avancée du réchauffement planétaire, les Etats ne peuvent continuer «comme si de rien n’était».
Pour la Suisse, il importe notamment de ne pas comptabiliser à double les réductions d'émissions réalisées par un pays à l'étranger, c'est-à-dire à la fois dans le pays à l'origine du projet de réduction et dans le pays dans lequel le projet est réalisé. Si deux pays peuvent comptabiliser les mêmes réductions, cela réduit de moitié les efforts en faveur de la protection du climat, relève le communiqué.
Alok Sharma a par ailleurs chargé Simonetta Sommaruga, ainsi que la ministre rwandaise de l’environnement Jeanne d’Arc Mujawamariya, de trouver une solution qui convienne à tous les pays en termes de calendrier pour les objectifs climatiques. La cheffe du DETEC s'est par ailleurs engagée pour un financement efficace et équitable des projets de protection du climat dans les pays en développement.
Tenir les promesses
Pour espérer ne pas atteindre le seuil de 1,5°C autour de 2030, comme l'envisagent les scientifiques du GIEC, «le monde a besoin d'un signal d'ambition forte et de leadership courageux de la part de tous, pour obtenir un succès à Glasgow», a plaidé sur Twitter la responsable climat de l'ONU Patricia Espinosa.
«Certaines parties ont souligné que cela concerne tout le monde mais en particulier les pays du G20» qui représentent environ 80% des émissions mondiales, a précisé Alok Sharma. Tous les yeux sont en particulier tournés vers l'Inde et la Chine, qui n'ont pas soumis à l'ONU leurs nouveaux engagements.
Assistance attendue
Autre sujet particulièrement sensible: la promesse toujours pas tenue des pays du Nord de porter leur assistance climat aux pays en développement à 100 milliards de dollars par an en 2020.
La dernière estimation de l'OCDE arrête le curseur à 79,6 milliards en 2019. Et la récente annonce des Etats-Unis de doubler leur aide ne comble pas l'écart.
Alors «si la COP26 veut commencer sur de bonnes bases», le plan de financement dont ont été chargés l'Allemagne et le Canada et qui doit être présenté d'ici Glasgow «doit montrer que les pays développés vont respecter et même dépasser leur promesse», insiste Andreas Sieber, du Climate Action Network qui fédère plus de 1500 ONG climat.
Egalement sur la table, les négociations sur les derniers articles du mode d'emploi de l'Accord de Paris, notamment le fonctionnement des marchés carbone, qui devaient être bouclés il y a deux ans à Madrid.
(ATS)