Une stratégie risquée
La nouvelle offensive de Poutine se retournera-t-elle contre lui?

La Russie a lancé une nouvelle offensive dans l'est de l'Ukraine. Cette manœuvre n'est pas surprenante, mais son issue est plus qu'incertaine, selon des experts de l'Institute for the Study of War.
Publié: 10.02.2023 à 14:00 heures
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Dernière mise à jour: 10.02.2023 à 15:02 heures
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Le président russe, Vladimir Poutine, passe à l'offensive.
Photo: AFP
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Sven Ziegler

Depuis le début de la guerre en Ukraine, la Russie a déjà perdu des dizaines de milliers de soldats. Malgré cela, les revendications territoriales de Vladimir Poutine n’ont pas diminué. Au contraire. Peu avant le premier anniversaire de l’invasion, le Kremlin a lancé une nouvelle offensive militaire. Ce vendredi, des dizaines de missiles russes ont une nouvelle fois visé les infrastructures énergétiques en Ukraine.

Selon un rapport du groupe de réflexion américain Institute for the Study of War (ISW), la Russie a rassemblé une partie importante de ses hommes dans la région de Lougansk et passe désormais à l’offensive. Les forces terrestres russes attaqueraient les positions ukrainiennes et enregistreraient des «progrès minimes» le long de la frontière entre Kharkiv et Lougansk. L’objectif: percer la ligne de front entre les deux petites villes de Svatove et Kreminna. Les photos satellites dont dispose l’ISW montrent que la Russie aurait enregistré des gains territoriaux peu importants au nord-ouest de Svatov. Les soldats ukrainiens empêcheraient toutefois des avancées plus décisives.

Les experts s’attendaient à une offensive

Selon l’ISW, l’offensive russe n’a probablement pas encore atteint sa vitesse de croisière. Ce n’est qu’en janvier que le Kremlin a transféré plusieurs unités militaires de Biélorussie vers le front. Celles-ci n’ont pas encore été déployées.

Les experts s’attendaient déjà depuis plusieurs semaines à ce que la Russie passe à l’offensive. Explications: Vladimir Poutine doit présenter des victoires en Ukraine pour justifier sa guerre sur le plan de la politique intérieure à l’occasion de l’anniversaire de l’invasion, détaillait Mauro Mantovani, expert militaire à l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ): «Cela augmente la probabilité d’une offensive russe avant le 24 février.» Du côté de l’ISW, cet avis est partagé: «Les forces armées russes passent progressivement à l’offensive.»

Mais l’issue de cette offensive est totalement incertaine. «Un succès n’est ni inéluctable ni prévisible», écrivent les spécialistes de l’ISW. La stratégie consistant à concentrer de nombreuses troupes dans la région autour de Svatove comporterait des dangers. «L’engagement total de toutes les forces pourrait conduire à ce que la Russie manque son objectif et ne parvienne pas à s’emparer complètement des régions de Donetsk et de Lougansk», ajoutent les experts américains.

Son plan se retourne-t-il contre lui?

Ce qui est clair, c’est que la Russie a du mal à recruter de nouveaux soldats. Dernièrement, l’armée russe a même intégré des volontaires des régions occupées de Donetsk et de Lougansk dans ses rangs. Le groupe Wagner a même recruté des prisonniers comme soldats. Le chef des mercenaires, Evgueni Prigojine, a annoncé mettre un terme à cette pratique.

Il est donc plus qu’incertain que cette offensive russe apporte à Vladimir Poutine les victoires qu’il espère. Le président russe joue avec le feu, font remarquer les chercheurs de l’ISW. Si les forces russes se concentrent sur une région, les experts estiment que «les forces ukrainiennes disposeraient d’une fenêtre de tir qu’elles pourraient utiliser pour lancer leur propre contre-offensive». Si cette dernière était couronnée de succès, le plan de Poutine se retournerait alors contre lui.

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