La compagnie aérienne Ryanair est visée par une plainte pour utilisation abusive de la reconnaissance faciale. «La plus grande compagnie aérienne d'Europe demande à ses clients de se soumettre à un processus invasif de vérification» lorsqu'ils passent par des intermédiaires, accuse l'ONG Noyb (pour «None of your business», signifiant «ce ne sont pas vos affaires").
Il «paraît évident» que cette «violation assumée de la protection des données» est principalement là pour «inciter les gens à réserver directement auprès de Ryanair», selon un communiqué. C'est un moyen «d'accroître les profits», estime Noyb, car sur son site la compagnie «propose aussi de louer voitures et chambres d'hôtels».
L'association a saisi l'Autorité chargée de la protection des données en Espagne, où réside la plaignante qui avait acheté des billets Ryanair auprès de l'agence de voyage en ligne eDreams, basée à Barcelone. Elle a ensuite reçu un courriel de la compagnie lui demandant d'effectuer un «processus de vérification» en effectuant pour 0,59 centime d'euros une reconnaissance faciale avec un sous-traitant.
Vérification de l'identité
Il lui fallait remplir un formulaire en ligne – un processus pouvant prendre sept jours pour être validé –, ou se rendre au comptoir d'enregistrement avant le départ, moyennant des frais supplémentaires allant de 30 à 55 euros selon l'aéroport.
Or selon Noyb, «les systèmes de reconnaissance faciale requièrent des données biométriques» qui doivent être cédées, selon la règlementation européenne dite RGPD, sur la base d'un «consentement éclairé», manquant dans ce cas de figure. Contacté par l'AFP, Ryanair n'avait pas répondu dans l'immédiat.
Sur son site internet, le transporteur précise qu'il peut être nécessaire de vérifier l'identité des clients lorsqu'une réservation est effectuée «par un agent de voyage tiers qui n'a pas d'accord commercial pour vendre nos vols».
Une association à l'origine de nombreuses plaintes
Ryanair justifie cette procédure par la nécessité de vérifier que ses passagers ont «pris connaissance de toutes les règles de sécurité et de sûreté à respecter».
L'association viennoise Noyb, dont le fondateur Max Schrems est devenu une figure connue du monde de la tech, est à l'origine de nombreuses plaintes contre les géants du web. Elle les accuse de bafouer la loi pour gagner de l'argent en exploitant les données personnelles de leurs usagers.
La compagnie aérienne irlandaise Ryanair, qui a renoué avec les bénéfices annuels sur l'exercice décalé achevé fin mars après le trou d'air de la pandémie de Covid-19, transporte actuellement 168 millions de passagers par an.
(ATS)