La grande incertitude semble être passée: les Bourses aux Etats-Unis, en Europe et en Suisse se sont nettement redressées depuis la mi-mars. Mais cette envolée pourrait être de courte durée. Plusieurs experts s'attendent à une nette chute des Bourses dans les prochains mois.
Chris Harvey, analyste chez le prestataire de services financiers américain Wells Fargo, s'attend à une correction de 10% aux Etats-Unis au cours des trois à six prochains mois.
Selon «Bloomberg», l'homme cite comme causes le ralentissement de l'économie mondiale, la politique agressive des banques centrales en matière de taux d'intérêt et les pénuries de capitaux. En raison de la crise bancaire américaine, les établissements financiers de ce pays accordent des prêts avec plus de retenue.
L'hyperinflation serait bien plus «terrible»
Le gourou de la Bourse Paul Singer estime quant à lui que les valorisations actuelles sur les marchés boursiers sont «toujours très élevées».
«Il existe un risque important de récession. Nous voyons la possibilité d'une longue période de faibles rendements des actifs financiers et de l'immobilier et de faibles bénéfices des entreprises, des taux de chômage plus élevés et beaucoup d'inflation au cours du prochain cycle», déclare-t-il dans une interview pour le «Wall Street Journal».
Paul Singer perçoit un avenir proche très sombre: la forte inflation et l'augmentation de la dette ne pourraient être maîtrisées qu'en acceptant une «profonde récession et un effondrement du crédit (ndlr: du système de prêts)», prédisait-il déjà en avril 2020.
Cela entraînerait également les marchés financiers dans une profonde descente aux enfers. L'homme avait déjà mis en garde contre les opérations hypothécaires aux États-Unis avant la crise financière de 2008.
L'alternative à son pronostic serait bien pire, selon lui. «Un effondrement du crédit est loin d'être aussi terrible pour la société qu'une hyperinflation.»
Turbulences en perspective
Paul Singer pense par ailleurs que la lutte contre l'inflation prendra du temps: lorsque les banques centrales ont réussi à faire baisser l'inflation dans les années 1970, elles ont cru bien trop tôt que le problème était réglé. Mais elle est ensuite revenue en force.
Les incertitudes restent grandes: pas plus tard qu'hier, le Fonds monétaire international (FMI) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année en cours, les ramenant à 2,8%.
L'économie mondiale a lentement surmonté les effets de la guerre en Ukraine et de la pandémie, indique le FMI dans son rapport. «Toutefois, des turbulences s'accumulent sous la surface et la situation est fragile, comme nous l'a rappelé l'instabilité récente du secteur bancaire.»