«Yes, she can!» Les démocrates américains ont sacré mardi à Chicago Kamala Harris comme la candidate de leur parti à la présidentielle de novembre. Il s'agissait d'un vote symbolique, car son investiture avait déjà été formalisée lors d'un vote en ligne. Kamala Harris, faisant un pied de nez à son adversaire Donald Trump, les a remerciés de Milwaukee (Wisconsin), où elle faisait salle comble au même moment, dans l'enceinte où le parti républicain a investi l'ancien président. Elle a promis un «avenir de liberté, de possibilités, d'optimisme et de foi».
Le parti démocrate, réuni en convention après l'un des mois les plus mouvementés de l'histoire politique américaine, tenait à marquer symboliquement l'entrée en lice de la vice-présidente dans la course à la Maison-Blanche. Un à un, sur fond de musique assourdissante et de clameurs, les représentants de chaque Etat américain ont pris la parole pour désigner Kamala Harris comme leur nouvelle candidate pour le scrutin présidentiel du 5 novembre.
Le gouverneur de Californie Gavin Newsom – l'Etat de Kamala Harris – a été le dernier à s'exprimer, au son de «California Love», énorme tube de rap. Chaque délégation avait choisi une chanson célébrant son Etat d'origine.
«L'enthousiasme est de retour»
Nombre de représentants arboraient des accessoires colorés ou agitaient des pancartes, donnant à l'ensemble une allure de gigantesque kermesse, animée par un DJ. En soirée, les délégués devaient assister aux discours de l'un des couples vedettes de leur parti: les Obama.
A la convention démocrate, l'espoir suscité par Kamala Harris rappelle l'élan ayant précédé l'élection en 2008 du premier président noir des Etats-Unis. «Nous étions enthousiastes avec Barack, mais savoir qu'on va le faire une deuxième fois, c'est encore plus enthousiasmant», confie Renell Perry, militante noire de Chicago.
«C'est vraiment similaire. Il y avait tellement d'enthousiasme quand Obama était candidat et cet enthousiasme est de retour. C'est merveilleux», abonde Carolyn Culpepper, déléguée afro-américaine de l'Alabama. Le 44e président des Etats-Unis (2009-2017) et son épouse Michelle sont encore très populaires chez les démocrates. «D'une certaine manière, ils passent le relais aux prochains dirigeants», s'est réjoui Tomara Hall, une Californienne de 35 ans.
«La présidente Kamala Harris»
Michelle et Barack Obama ont ensuite fait chavirer la convention démocrate en saluant «l'espoir» retrouvé avec Kamala Harris. «L'espoir est de retour, a lancé l'ancienne première dame. Ma Kamala Harris est plus que prête pour ce moment», a-t-elle ajouté.
«Nous sommes prêts pour la présidente Kamala Harris», a assuré après elle Barack Obama, en étrillant Donald Trump, ce «milliardaire de 78 ans qui n'arrête pas de pleurnicher» et qui «a peur de perdre». «Yes, she can!» (Oui, elle peut!), a ajouté l'ex-président, faisant bien sûr écho à son ancien slogan. La salle s'est alors mise à scander la phrase.
Avant les Obama, le mari de Kamala Harris, Doug Emhoff, avait dressé un portrait plus personnel de la vice-présidente. «Amérique, dans cette élection, tu dois décider à qui faire confiance pour l'avenir de tes familles. J'ai fait confiance à Kamala pour l'avenir de notre famille. C'est la meilleure décision que j'ai jamais prise», a-t-il dit.
Il a qualifié sa femme de «joyeuse guerrière», en racontant de touchantes anecdotes sur leur histoire. Le souriant avocat, très impliqué dans la campagne, et la vice-présidente ont une famille recomposée, avec deux enfants qu'il a eus d'une précédente union. L'ancienne porte-parole de Donald Trump à la Maison-Blanche, Stephanie Grisham, est venue mettre en garde contre le candidat républicain, qui selon elle n'a «aucune empathie, aucune éthique, aucun respect pour la vérité».
Trump à Howell
Le milliardaire de 78 ans, en campagne dans plusieurs Etats-clés cette semaine, a assuré à Howell, dans le Michigan, que «la criminalité était hors de contrôle aux Etats-Unis», rejetant la faute sur Kamala Harris. Les crimes violents aux Etats-Unis reculent depuis 2020, année lors de laquelle ils avaient flambé sur fond de pandémie de Covid-19.
Sa rivale démocrate, qui a moins de trois mois pour convaincre les Américains, a attaqué sur le droit à l'avortement, remis en cause depuis une décision en 2022 de la cour suprême, devenue très conservatrice suite aux nominations faites par Donald Trump.
«Nous allons nous assurer qu'il va en subir les conséquences, et cela se passera dans les urnes en novembre», a lancé la candidate de 59 ans à Milwaukee. Depuis son entrée fracassante en campagne après le retrait choc du président Joe Biden, Kamala Harris a complètement remobilisé le parti démocrate. La majorité des sondages la créditent désormais d'une légère avance sur son rival, mais l'élection s'annonce toujours très serrée.