Il s'agit là d'un test clé pour le petit pays d'Afrique de l'Ouest, jadis perçu comme un modèle de démocratie, où le président Talon a favorisé le développement économique, selon ses partisans, mais au prix d'un recul démocratique, selon l'opposition. Car aujourd'hui, les principales figures de l'opposition sont soit derrière les barreaux, soit en exil.
Les rues de Cotonou, capitale économique, étaient calmes et tous les marchés et magasins étaient fermés, ont constaté les journalistes de l'AFP.
Les bureaux de vote ont ouvert à 07h00 (même heure en Suisse) et fermeront à 16h00, selon la Commission électorale nationale autonome (CENA).
De précédentes élections meurtrières
Les dernières législatives organisées en 2019 avaient été marquées par des violences meurtrières, une abstention record et une coupure totale d'internet, des faits rarissimes au Bénin.
L'opposition n'avait pas pu participer aux élections en raison d'un durcissement des règles du scrutin. Seules deux formations de la mouvance présidentielle avaient été autorisées à concourir, donnant lieu à un Parlement entièrement acquis au président Talon.
Cette fois, sept partis politiques, dont trois se réclamant de l'opposition, ont été autorisés à participer.
Mais deux des principaux adversaires du président Patrice Talon - le constitutionnaliste Joël Aïvo et l'ancienne Garde des Sceaux Reckya Madougou - sont toujours emprisonnés, condamnés à de lourdes peines.
Intérêt timide de la population
Après avoir voté dans la matinée à Abomey (sud), le ministre chargé de la Défense, Fortunet Alain Nouatin, a appelé la population a sortir «massivement» pour aller voter. «Toutes les dispositions sécuritaires sont prises pour le bon déroulement du vote», a-t-il assuré.
Mais à Cotonou, capitale économique, comme ailleurs dans le pays, on ne se presse pas pour aller voter, même si l'affluence semble supérieure à celle de 2019, historiquement basse.
«Les gens n'ont plus trop d'espoir, ils ont peur des magouilles. Ils se disent que c'est inutile», insiste Bawa Alimiyao, 40 ans, devant une école primaire à Cotonou, son bureau de vote.
«Ce gouvernement m'a déçu, on avait espoir. On attend le changement et on a besoin de députés représentatifs du peuple», dit-il à l'AFP.
Nassirou, 35 ans, a lui aussi voté pour que les «gamins aient des bonnes personnes à l'Assemblée et que les décisions soient prises à l'avantage du Bénin».
Le parti pro-gouvernemnent confiant
Au terme d'une campagne pacifiée, quelque 6,6 millions d'électeurs sont appelés dans les 8000 centres de vote pour désigner les 109 députés, dont au moins 24 femmes - au moins une par circonscription - selon le nouveau Code électoral.
Les résultats sont attendus courant de la semaine prochaine, le temps que les bulletins de vote soient déployés.
Les partis ayant recueilli plus de 10% des suffrages se répartiront les 109 sièges, selon le système proportionnel.
«On est confiant parce qu'on est de la mouvance présidentielle. Tout va bien», a assuré Hamdan Moussa, 22 ans, représentant local du Bloc républicain (BR), parti pro-gouvernement.
Voie du développement, mais recul démocratique
Au-delà de la place que se fera l'opposition au Parlement, cette élection revêt une importance particulière: le mandat des membres de la Cour constitutionnelle arrive à échéance au cours de l'année.
Or, la composition de cette Cour, dont quatre membres sont désignés par les députés, les trois autres étant choisis par le chef de l'Etat, pourrait s'avérer capitale dans trois ans.
Elle a notamment pour mission le contrôle des élections, dont les prochaines, les législatives, les municipales et la présidentielle, se tiendront toutes en 2026.
Élu en 2016, réélu en 2021, le richissime homme d'affaires Patrice Talon a lancé des réformes politiques et économiques tous azimuts en vue d'engager son pays dans la voie du développement. Mais cette modernisation s'est aussi accompagnée d'un important recul démocratique, selon l'opposition.
La Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a annoncé avoir déployé 40 observateurs, répartis depuis vendredi dans les 12 régions du pays, pour «soutenir et surveiller l'intégralité du processus électoral».
(ATS)