Un décret provocateur
Un village italien interdit à ses habitants de tomber malade

Dans le village italien de Belcastro, en Calabre, le maire a interdit aux habitants de tomber malade. A travers son décret, Antonio Torcha cherche à attirer l'attention des autorités sur la situation sanitaire critique de cette région.
Publié: 05:30 heures
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Dernière mise à jour: 07:34 heures
Belcastro, un village dans le sud de l'Italie, compte environ 1200 habitants.
Photo: FB / Comune di Belcastro
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Solène MonneyJournaliste Blick

Pour habiter à Belcastro en Calabre, il vaut mieux avoir une santé de fer. Le maire du village italien, Antonio Torcha, a émis un drôle de décret: «Il est interdit de tomber malade». Le maire en rajoute une couche, en demandant aux habitants de surtout «éviter de contracter toute maladie nécessitant une assistance médicale d'urgence», souligne CNN jeudi 9 janvier. 

Pourquoi s'arrêter en si bon chemin? L'élu recommande également aux habitants «de ne pas adopter de comportement potentiellement dangereux et d'éviter les accidents domestiques». Et enfin pour que la boucle soit bouclées, les résidents sont invités à «ne pas sortir trop souvent, voyager ou pratiquer du sport, mais à se reposer la plupart du temps».

Plus simple à dire qu'à faire, dans ce bourg de 1200 âmes où la moitié de la population à plus de 65 ans et qui se trouve dans la région la plus pauvre d'Italie. Mais gare aux mauvaises interprétations, le décret du maire est teinté d'ironie. Il cherche à attirer l'attention sur l'accès insuffisant du village au système de santé.

«Un appel à l'aide»

Belcastro se trouve dans une situation critique. Le service d'urgence le plus proche se trouve à 45 kilomètres, accessible uniquement par une route où la vitesse est limitée à 30 km/h. Le village dispose bien d'un cabinet médical de garde, mais celui-ci est souvent fermé, notamment le week-end, les jours fériés et en dehors des heures habituelles, regrette le maire. 

Difficile de «se sentir en sécurité quand on sait qu'en cas d'assistance, l'espoir réside surtout dans le fait d’arriver à temps aux urgences», martèle-t-il. Face à cette situation, il était alors primordial pour Antonio Torcha de «prendre une mesure d'urgence et de nature préventive, impossible à reporter». «Ce n'est pas juste de la provocation, le décret est un appel à l'aide, une manière de mettre en lumière une situation inacceptable», précise-t-il au journal local «Corriere della Calabria».

Au-delà de Belcastro

Par ce décret, il entend pousser les autorités régionales et les responsables de la santé à agir face à un problème qui dépasse les frontières de Belcastro et affecte de nombreuses autres régions en Italie. «La province de Catanzaro compte 80 communes et je crois que la plupart d’entre elles souffrent des mêmes problèmes», a-t-il déclaré à la chaîne local LaC News24.

Antonio Torchia a précisé qu’il maintiendra cette mesure tant que le centre de santé de son village n’élargira pas ses horaires d’ouverture. Pour l'heure, impossible de savoir si le décret sera appliqué et de quelle manière.

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