Provoquant des destructions dans le centre et entraînant une fuite des familles, l'armée israélienne a mené mercredi plusieurs attaques sur Tyr. Cette grande ville côtière du sud du Liban est aussi une cité phénicienne millénaire. «Toute la ville a tremblé», confie Rana. Tôt mercredi, après l'appel à évacuer de l'armée israélienne, cette habitante qui préfère s'exprimer sous son seul prénom avait trouvé refuge sur le front de mer.
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Tyr, qui abrite des sites antiques inscrits par l'Unesco sur sa liste du patrimoine mondial, compte actuellement 14'500 habitants, dont environ 4500 déplacés venus des villages voisins, selon des statistiques du centre de gestion de crise local.
Les attaques de mercredi, les plus violentes depuis le début de la guerre entre Israël et le Hezbollah il y a un mois, ont touché «le coeur de Tyr», poursuit Rana. Des images de l'AFP ont montré d'épaisses volutes de fumée grise s'élever au-dessus des immeubles de la ville méditerranéenne.
Des destructions massives
L'agence de presse libanaise Ani a rapporté plusieurs bombardements, dont un mené par un «drone ennemi», sur une rue située à moins d'un kilomètre des ruines archéologiques. Le pilonnage du centre a causé «des destructions massives et des dégâts sur les maisons, infrastructures, enseignes commerciales et voitures», a précisé l'Ani.
Interrogé par l'AFP, le responsable média du centre de gestion de crise, Bilal Kachmar, a assuré que sept immeubles ont été détruits, tandis que plus de 400 appartements aux alentours ont été soufflés. Quatre rues ont été totalement bloquées par les décombres, a-t-il précisé, assurant que deux personnes ont été blessées.
Evacuations chaotiques
Plus tôt, après l'appel à évacuer de l'armée israélienne annonçant les frappes à venir, il confirmait que des familles commençaient à quitter les zones menacées. «Les gens se sont rendus dans les banlieues de la ville, ils se sont éloignés du centre», a-t-il précisé à l'AFP. Des secouristes ont aidé des personnes âgées à quitter leur quartier, circulant dans les rues pour prévenir les habitants via des haut-parleurs et leur enjoindre de partir, selon l'Ani.
Un photographe de l'AFP dans la ville côtière de Saïda, plus au nord, a vu sur l'autoroute côtière des dizaines de voitures où s'entassaient des familles s'éloignant de Tyr, emportant matelas et valises.
L'armée israélienne a assuré mercredi avoir visé «des centres de commandement d'unités du Hezbollah», utilisés par le mouvement pro-iranien pour attaquer «les citoyens d'Israël et les forces» israéliennes. Elle a qualifié la ville de fief «important» du Hezbollah, même si c'est un autre parti chiite et allié du Hezbollah, Amal, qui y est très implanté.
L'association de secouristes Rissala, affiliée à Amal, a participé aux secours, selon un de ses membres, Rabih Issa. «Nous avons soigné des blessés sur place, et transporté certains dans les hôpitaux de la région», a-t-il dit à l'AFP. «Nous oeuvrons avec les municipalités pour trouver des logements alternatifs» pour les habitants dont les maisons ont été détruites, a-t-il précisé.
L'Unesco suit les attaques de très près
Avant le conflit, Tyr accueillait plus de 50'000 habitants, dont une minorité chrétienne. Ces dernières semaines déjà, avec l'escalade des violences, de nombreuses familles étaient parties.
Interrogée par l'AFP, l'Unesco a dit suivre «de très près l'impact du conflit en cours sur le site de Tyr.» La ville conserve d'importants vestiges archéologiques, datant principalement de l'époque romaine.
«Les ruines imposantes de la cité romaine et les constructions médiévales des croisades sur l'ancienne île, la nécropole sur le continent, la voie monumentale, l'aqueduc et l'hippodrome reflètent l'ancienne gloire de Tyr», selon le site de l'Unesco.
En un mois de guerre au Liban, où Israël mène des opérations terrestres dans le sud et des frappes aériennes massives sur les fiefs du Hezbollah, plus de 1500 personnes ont été tuées, selon un décompte de l'AFP basé sur les bilans officiels.