Ah, la Thaïlande... ses plages paradisiaques, ses îles de rêve… et ses légions de baroudeurs à sac à dos, devenus presque emblématiques du paysage local. Mais l’aventure thaïlandaise pourrait bientôt se compliquer pour ces voyageurs en quête de liberté. Selon le «Bangkok Post», le gouvernement envisage de réduire de moitié la période de séjour sans visa, qui passerait de 60 à 30 jours.
Une mesure sans impact pour les vacanciers venus bronzer dix jours à Phuket. Mais pour les backpackers qui enchaînent retraites spirituelles et fêtes techno pendant plusieurs mois, cela risque de tout changer. D’après plusieurs agences de voyage, cette décision serait une réponse à l’augmentation du nombre de touristes travaillant illégalement sur place.
Mais derrière cette mesure, se cacherait une volonté plus large. Le «Telegraph» avance, dimanche 13 avril, que la Thaïlande cherche désormais à se débarrasser des «hippies fauchés» au profit d’un tourisme plus haut de gamme, à la White Lotus, une série à succès se déroulant à Koh Samui.
Une stratégie d'ailleurs assumée par le gouvernement thaïlandais. Le vice-gouverneur de l’office du tourisme l’a dit clairement: le pays veut attirer les voyageurs fortunés, à l’image de ceux qui fréquentent les Maldives, Dubaï ou Singapour.
La montée de gamme s'accélère
Ce qui faisait l'attrait du royaume pour les routards, c’était son coût de la vie abordable. Avec quelques billets froissés, on pouvait louer une mobylette rouillée, dormir sur un canapé ou dans une guesthouse modeste, et manger pour quelques francs. Mais ce modèle évolue. Aujourd’hui, la Thaïlande redéfinit son image. Bangkok s’est métamorphosée en une capitale moderne aux airs de Singapour ou de Hong Kong, avec ses infrastructures flambant neuves, ses rooftops et ses centres commerciaux futuristes.
En cinq ans, une vague d’hôtels de luxe a déferlé dans la capitale: Rosewood, Intercontinental, Kempinski, Standard. Bangkok compte désormais 36 restaurants étoilés au Michelin, dépassant Miami, Dubaï et même Pékin.
Et les îles ne sont pas en reste. C’est à Koh Samui, par exemple, que se trouve le complexe hôtelier idyllique de la dernière saison de la série White Lotus. L’île abrite aussi de nombreux resorts bien-être parmi les plus luxueux de la région.
Le luxe comme étendard
«Nous avons observé une nette hausse des voyageurs de luxe en Thaïlande», confie James Golding, de l’agence haut de gamme Hayes & Jarvisn au «Telegraph». L’argument? Un rapport qualité-prix imbattable: un hôtel cinq étoiles en Thailande peut coûter jusqu'à deux fois moins cher qu'à Tokyo ou Singapour.
Autre changement de taille: la montée en puissance des touristes américains, notamment fortunés. La Thaïlande s’est solidement installée sur leur carte du monde. Et leur pouvoir d’achat pourrait bien redessiner durablement le visage du tourisme local. Le royaume ne cherche plus à plaire à tout le monde. Il choisit désormais ses touristes.