C'est un rapport du Centre de gestion européen de gestion des risques de catastrophes qui l'annonce. La sécheresse dans une grande partie du continent est tout simplement critique. Selon ce document publié lundi 18 juillet par la Commission européenne, le déficit de précipitations de l'hiver 2021-printemps 2022 a été exacerbé par des vagues de chaleur précoces, puis par les actuelles températures record. Le débit des cours d'eau dans de nombreux pays est gravement affecté, et les volumes d'eau stockés sont également réduits. Dans l'ensemble, cela pourrait nécessiter la prise de mesures extraordinaires de gestion de l'eau et de l'énergie dans les pays touchés. Ceci, au moment où la guerre en Ukraine fait exploser les prix des hydrocarbures et de l'électricité, rendant l'irrigation de plus en plus coûteuse.
Selon le rapport européen, dont Blick a consulté un résumé, la teneur en eau des sols des 27 pays membres de l'UE a considérablement diminué. Les plantes y ont de plus en plus de mal à extraire l'eau du sol, ce qui entraîne un stress généralisé pour la végétation, notamment dans les plaines italiennes, dans le sud, le centre et l'ouest de la France, dans le centre de l'Allemagne et l'est de la Hongrie, au Portugal et dans le nord de l'Espagne.
Baisse du rendement agricole
Conséquence: le stress hydrique et thermique fait baisser les rendements agricoles, alors que les perspectives étaient déjà négatives pour les céréales et les autres cultures. La France, la Roumanie, l'Espagne, le Portugal et l'Italie devront faire face à une nette baisse de rendement au moment des récoltes. L'Allemagne, la Pologne, la Hongrie, la Slovénie et la Croatie sont également touchées.
En Italie, le bassin du Pô est confronté au plus haut niveau de gravité de la sécheresse. L'état d'urgence en matière de sécheresse a été déclaré dans cinq régions italiennes et la disponibilité insuffisante de l'eau a entraîné de multiples restrictions d'utilisation dans les municipalités. Des mesures similaires de restriction de l'utilisation de l'eau ont été prises en France.
Pénurie annoncée d'énergie hydroélectrique
La situation est également difficile dans la Péninsule ibérique. En Espagne, les volumes d'eau stockés dans les réservoirs sont actuellement inférieurs de 31 % à la moyenne décennale. Au Portugal, l'énergie hydroélectrique stockée dans les réservoirs d'eau est inférieure de moitié à la moyenne des sept années précédentes. La Suisse échappe pour l'heure à cet engrenage de sécheresse: les retenues d’eau y sont plutôt bien approvisionnées pour la saison.
La Confédération dépend de l'hydroélectricité à 60% pour son approvisionnement énergétique. Or cette ressource hydroélectrique est, sur l'ensemble du continent, rudement mise à l'épreuve. Selon le document du Centre européen de gestion des risques de catastrophes, la production d'énergie des centrales au fil de l'eau jusqu'à début juillet était inférieure à la moyenne 2015-2021 pour de nombreux pays européens, notamment en Italie (-5039 GWh par rapport à la moyenne), en France (-3930 GWh) et au Portugal (-2244 GWh). La même baisse est constatée pour les niveaux des réservoirs hydroélectriques, affectant des pays comme la Norvège, l'Espagne, la Roumanie, le Monténégro et la Bulgarie.
Retrouvez ici l'intégralité du rapport du Centre européen de gestion des risques de catastrophes.
