Cité industrielle de la région du Donbass à l'Est de l'Ukraine, Bakhmout, ville d'environ 72'000 habitants avant le conflit, fait l'objet d'une bataille sanglante depuis l'été entre les forces de Moscou, qui ont revendiqué samedi sa prise, et l'Ukraine, qui l'a démentie.
Arrosée par la rivière Bakhmoutka, elle est située dans la partie nord-est de la région de Donetsk (à 80 km de la ville du même nom), l'une des quatre régions ukrainiennes dont la Russie a revendiqué l'annexion.
Sa position, encaissée au fond d'une vallée, la rend difficile à défendre face aux attaques adverses. Les combats qui durent depuis juillet 2022 ont été qualifiés «d'enfer sur terre» ou de «Verdun» par les combattants ukrainiens. C'est non loin de Bakhmout que le journaliste de l'AFP Arman Soldin a trouvé la mort le 9 mai, lors d'un reportage.
La ville, détruite par ces dix terribles mois, s'est peu à peu vidée de sa population et ne comptait plus en mars que quelque 3000 civils, probablement beaucoup moins aujourd'hui.
Ville des roses
Avant la guerre, l'économie locale de ce carrefour ferroviaire reposait sur l'industrie du sel, exploité dès le 17e siècle, et la production, désormais délocalisée dans la région d'Odessa, d'un vin mousseux très apprécié des Ukrainiens.
Appelée Artemivsk de 1924 à 2016, en hommage au révolutionnaire soviétique Fiodor Sergueïev surnommé «Artem», Bakhmout doit son nom actuel à la rivière Bakhmoutka.
Célébrée pour sa beauté, on l'appelait «La ville des vins et des roses» et une artère baptisée «Rose Alley» y fut même listée en 2015 dans le livre ukrainien des records comme concentrant le plus de massifs de roses - plus de 5000.
Débris et croix
L'autoroute T 0504 permet de relier Bakhmout aux territoires contrôlés par l'armée ukrainienne et d'approvisionner les unités restant dans sa partie ouest. Dénommée «La route de la vie», elle est devenue symbole de la violence de la guerre, avec ses véhicules carbonisés gisant le long.
Dès le début du conflit entre Kiev et des séparatistes soutenus par Moscou en 2014, les combattants prorusses avaient essayé de s'emparer de Bakhmout, les militaires ukrainiens les repoussant en juillet de la même année.
Si l'importance stratégique de Bakhmout est contestée par certains experts, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a averti en mars que sa capture ouvrait la voie aux troupes russes pour attaquer les villes de Sloviansk et Kramatorsk.
Autour d'immeubles autrefois habités et qui portent aujourd'hui les lourds stigmates de la guerre, il n'y a plus que des débris, des morceaux de verre et des croix indiquant les endroits où des soldats ont été enterrés à la hâte, a constaté l'AFP.
Quelques civils, souvent âgés, refusent de partir, bien que condamnés à vivre terrés dans des caves, sans eau ni électricité.
(ATS)