Olena Zelenska, première dame d’Ukraine, évite autant que possible les feux de la rampe, contrairement à son mari qui est obligé de changer constamment de lieu de résidence pour sa sécurité. En tant que représentant de la nation, il est largement visible dans les médias afin d’entretenir en permanence le contact, tant avec son peuple qu’avec ses alliés. Sa femme, elle, agit en coulisses.
La population a besoin d’elle
Olena Zelenska a récemment partagé sa vie en temps guerre au magazine «Vogue». L’interview, réalisée par e-mail pour d’assurer sa sécurité, témoigne d’un quotidien éprouvant. Elle ne quitte pas son pays, car elle est consciente que la population a besoin d’elle. Tant bien que mal, elle se rend utile là où elle peut. Consciente d’être privilégiée, elle se considère tout de même comme un soldat: «Maintenant, tous les Ukrainiens font partie de l’armée. Chacun fait ce qu’il peut.»
L’épouse du président éprouve un profond respect, en particulier pour les femmes de son pays. «Je me souviendrai toujours du courage de mes amies!, confie-t-elle. Ce que les femmes sont capables de faire en période de paix ou de guerre m’inspire. Je suis tellement fière d’elles.»
Combattre sur un autre front
Durant les dix premières semaines de la guerre, Olena Zelenska restait en dehors de la scène. Le conflit étant maintenant bien installé, elle a décidé de soutenir son peuple à sa propre manière. Elle s’est donné pour mission d’aider son pays à surmonter les traumatismes psychologiques – conséquences directes du conflit armé. En mai dernier, la femme du président a lancé une initiative gouvernementale visant à proposer un soutien psychologique à chaque Ukrainien le souhaitant.
Elle a mis en place une formation de conseil en traumatologie, soutenue par des experts étrangers. Et des lignes d’assistance psychologique ont également été créées. Le constat est sans appel, selon la première dame: «L’impact psychologique de la guerre est écrasant.»
«Aucun d’entre nous ne va bien»
Le Ministère ukrainien de la santé estime que près d’un tiers de la population a probablement besoin d’un soutien psychologique. De nombreux soldats, dont le nombre s’élève aujourd’hui à 700’000, seraient également susceptibles d’être affectés psychologiquement pendant leur service. Décès, blessures ou détresse, les traumatismes sont multiples pour les hommes engagés dans l’armée.
Sur le front comme dans les villes, des millions d’Ukrainiens vivent de près des situations «d’horreur et de tragédie», les familles sont divisées et les villes détruites. La population de certaines régions vit au rythme des impacts de bombe. La situation est éprouvante, selon Olena Zelenska. «Tous les jours, on lit et on entend des récits. On absorbe la violence et cela à des répercussions sur chacun. Après quatre mois de guerre, aucun de nous ne va bien.»
(Adaptation par Mathilde Jaccard)