Un chiffre en particulier a marqué les mémoires lors de la conclusion de l'accord de Paris sur le climat en 2015: 1,5 degré. C'est l'augmentation maximale de la température qui devrait être tolérée d'ici à la fin du 21e siècle par rapport à l'époque préindustrielle (vers 1850).
Le sommet sur le climat de Glasgow, qui se tient jusqu'au 12 novembre, est l'occasion de débattre de la manière de respecter ce chiffre. Il faut que chacun s'engage à atteindre ses objectifs, mais aussi que tous se serrent les coudes. Or, trouver un terrain d'entente n'est pas si facile. Malheureusement, les gouvernements sont souvent moins préoccupés par le climat que par le business et par leur image. De nombreuses opérations - comme l'échange de droit d'émission et la compensation des émissions – ne servent parfois l'environnement qu'en apparence.
La Suisse investit dans les pays pauvres
Dans le domaine de la compensation des émissions, la délégation suisse veut faire campagne à l'international. La compensation carbone offre la possibilité à un pays de financer des projets écologiques dans d'autres pays pour compenser une partie de ses émissions. Le président de la Confédération Guy Parmelin, accompagné de la ministre de l'Environnement Simonetta Sommaruga et du ministre des Finances Ueli Maurer, plaident à Glasgow pour ce qu'on appelle des compensations équitables.
Jusqu'à présent, les compensations qu'un pays réalise avec des projets verts à l'étranger peuvent être comptées deux fois: le pays donateur et le pays bénéficiaire peut demander d'être crédité. Ce qui revient à diviser par deux les efforts de protection du climat. La délégation suisse souhaite jouer un rôle actif dans la recherche d'une solution à ce problème et que ces compensations d'émissions ne soient comptabilisées qu'une seule fois. Elle se vante aujourd'hui d'avoir établi des règles évitant ce double comptage grâce à des accords bilatéraux conclus avec le Pérou, le Ghana, le Sénégal, la Géorgie et la Dominique. Peut-être une manière pour la Suisse de redorer son blason puisque l'échec de la loi CO2 a quelque peu entériné son image sur la scène internationale.
Échange controversé de certificats
L'échange de droits d'émission est une autre question controversée. Il s'agit d'un accord comprenant des certificats qu'un État vend à une entreprise. Ces derniers peuvent aussi être échangés entre entreprises. Chaque certificat correspond au droit d'émettre une tonne de CO2.
En raison du développement rapide des technologies et de la crise financière de 2008, la demande a diminué à un point tel que l'offre de certificats est excédentaire. En conséquence, le prix des certificats a chuté. Il peut avoisiner les cinq euros, alors que les dommages environnementaux par tonne de CO2 émise se situent entre 30 et 100 euros.
L'UE pensait à retirer les certificats excédentaires du commerce. En conséquence, leur prix a de nouveau augmenté...mais à 15 ou 25 euros la pièce, il reste inférieur au minimum calculé par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Des pays comme le Brésil, la Chine et l'Australie, par exemple, souhaiteraient continuer à utiliser les anciens certificats très bon marchés, écrit la «Tageszeitung» allemande, et s'opposeraient donc à un changement de pratique.
Une grande partie des mouvements pour le climat condamne fermement ces accords et les qualifie de «commerce des indulgences». Mais pour eux, la meilleure façon de protéger le climat reste de ne pas produire d'émissions du tout.
(Adaptation par Lauriane Pipoz)