M. Zelensky, qui a atterri à Hiroshima en début d'après-midi à bord d'un avion de la République française, a immédiatement estimé sur Twitter que la paix serait «plus proche» à la suite de ce sommet. Il avait décroché la veille le feu vert américain à une livraison future d'avions de combat américains F-16, qu'il réclamait depuis longtemps à ses alliés occidentaux.
Le président ukrainien tente d'élargir le cercle des soutiens de son pays envahi il y a quinze mois par Moscou: dès son arrivée au G7, il a rencontré le premier ministre britannique Rishi Sunak, la cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni, puis le premier ministre indien Narendra Modi, dont le pays a jusqu'à présent refusé de condamner l'agression russe en Ukraine.
Une «occasion unique»
Sa présence à Hiroshima «peut changer la donne» pour Kiev, a lancé le président français Emmanuel Macron à propos de M. Zelensky, avant une rencontre entre les deux chefs d'Etat, car c'est une «occasion unique» pour lui d'échanger non seulement avec tous ses soutiens au G7, mais aussi de tenter de rallier d'autres pays invités au sommet, tels que l'Inde et le Brésil.
M. Modi a d'ailleurs déjà assuré à M. Zelensky que l'Inde ferait «tout son possible» pour régler le conflit russo-ukrainien.
M. Zelensky doit aussi s'entretenir avec le président américain Joe Biden et le premier ministre japonais Fumio Kishida.
Le dirigeant ukrainien est arrivé d'Arabie saoudite, où il a plaidé vendredi la cause de l'Ukraine au sommet de la Ligue arabe devant «certains» pays qui, selon lui, «ferment les yeux» sur le conflit.
Une initiative pour former des pilotes ukrainiens
A Hiroshima, ville ravagée par une bombe atomique américaine en 1945, les dirigeants du G7 ont aussi appelé samedi la Chine à «faire pression sur la Russie pour qu'elle cesse son agression» contre l'Ukraine et «retire immédiatement, totalement et sans conditions ses troupes», alors que Pékin reste un allié proche de Moscou et n'a jamais condamné l'invasion russe.
Washington avait fait savoir vendredi que M. Biden, surmontant ses réticences, était prêt à autoriser d'autres pays à fournir à Kiev les avions de combat qu'il réclame, des F-16 de fabrication américaine. Une décision «historique», a salué M. Zelensky.
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a aussi confirmé que les Etats-Unis soutenaient désormais une initiative commune de leurs alliés pour former des pilotes ukrainiens. Pendant ces longs mois d'entraînement, les Occidentaux décideront du calendrier de livraison des avions, de leur nombre ainsi que des pays qui les fourniront.
Le Royaume-Uni s'est dit prêt à travailler avec ses alliés pour «apporter à l'Ukraine la capacité aérienne de combat dont elle a besoin», et Emmanuel Macron s'était aussi dit prêt lundi à apporter aux pilotes ukrainiens une formation, dont les contours doivent encore être précisés.
Les chasseurs ne sont pas une priorité
Alors que son pays prépare une contre-offensive d'envergure contre Moscou, Volodymyr Zelensky vient de rentrer d'une tournée en Europe où il avait encore demandé ces chasseurs.
Mais jusqu'ici, les Occidentaux, Etats-Unis en tête, résistaient à ces demandes, invoquant les risques d'escalade du conflit, et affirmant qu'il ne s'agissait pas d'une priorité.
M. Sullivan a assuré que la doctrine américaine n'avait «pas changé». La livraison d'armes «a suivi les exigences du conflit», a-t-il plaidé, estimant que les F-16 faisaient partie des équipements dont Kiev aura besoin «à l'avenir» pour «être en mesure de dissuader et de se défendre contre toute agression russe».
Les dirigeants du sommet d'Hiroshima ont aussi réaffirmé samedi leur «opposition» à toute «militarisation» chinoise en Asie-Pacifique, assurant qu'il n'existe «pas de fondement légal» pour «les revendications maritimes expansives» du pays en mer de Chine du Sud.
Ils ont toutefois assuré vouloir des relations «constructives et stables» avec Pékin et en soulignant «l'importance de dialoguer franchement» avec le géant asiatique.
Ne pas brusquer la Chine
Sur Taïwan, ils ont réitéré leur appel à «une résolution pacifique» des différends avec la Chine, qui considère cette île comme l'une de ses provinces.
Cette déclaration est le fruit de négociations entre des pays comme les Etats-Unis, porteurs d'une position plus ferme, sur fond de tensions croissantes avec la Chine, et d'autres, côté européen, qui insistent pour éviter tout climat de «confrontation».
Les pays du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Italie, Royaume-Uni, Canada) veulent diversifier leurs chaînes d'approvisionnement pour moins dépendre de Pékin notamment. Ils ont haussé le ton contre toute tentative de «coercition économique», visant la Chine sans toutefois la nommer.
Pékin a exprimé «son vif mécontentement et sa ferme opposition face à ce communiqué du G7. La Chine a déposé une protestation officielle auprès du Japon, pays hôte du sommet, ainsi qu'auprès des autres parties concernées.
«Le G7 s'obstine à manipuler les questions liées à la Chine, à discréditer et attaquer la Chine», a déploré samedi soir dans un communiqué un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
(ATS)