Sommes-nous trop nombreux?
Bientôt 8 milliards d'êtres humains sur Terre: quels sont les défis à venir?

Selon les calculs de l'ONU, la barre des huit milliards d'êtres humains sur la planète devrait être franchie au milieu du mois. Alors que la surpopulation est source d'inquiétude pour beaucoup, l'organisation pointe davantage du doigt les inégalités.
Publié: 08.11.2022 à 06:16 heures
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Dernière mise à jour: 08.11.2022 à 06:29 heures
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Le marché d'Allahabad, dans le nord de l'Inde, est très animé.
Photo: AFP
Georg Nopper

La population mondiale franchira-t-elle la barre des huit milliards de personnes le 15 novembre exactement? Impossible de l'affirmer avec certitude en raison des centaines de milliers de naissances et de décès quotidiens qui rythment l'évolution de la population humaine à l'échelle globale. Mais c'est en tout cas la date choisie par l'Organisation des Nations unies (ONU) pour marquer un nouveau jalon de l'histoire de l'humanité. 8'000'000'000 d'individus - la Terre n’a jamais compté autant d’habitants. Mais la fin de cette augmentation est en vue.

Comment l’humanité est-elle arrivée à ce chiffre astronomique? Selon les connaissances actuelles, l’Homo sapiens est apparu il y a environ 300’000 ans. Au cours des derniers millénaires, le nombre d’êtres humains n’a cessé d’augmenter – hormis les phases de grandes pandémies comme la peste. Peu à peu, l’augmentation s’est accélérée et, vers l’an 0, on comptait environ 190 millions d’habitants sur le globe terrestre.

De deux à huit milliards en moins d'un siècle!

Avec l’allongement de l’espérance de vie, la courbe s’est nettement accentuée à partir de 1700 environ – et le premier milliard a été atteint peu après 1800. Il aura fallu moins d'un siècle - 94 ans plus précisément - pour passer d'une population mondiale de deux milliards en 1928 aux huit milliards actuels. Et la croissance de sept à huit milliards n’a duré que onze années.

Une raison de célébrer – ou une source d’inquiétude? Pour la directrice du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), Natalia Kanem, le chiffre actuel comporte beaucoup de points positifs. Il reflète un saut fondamental: «Huit milliards d’êtres humains, c’est une étape importante pour l’humanité. Et c’est la combinaison d’une espérance de vie plus longue, d’une mortalité maternelle et infantile moindre et de systèmes de santé de plus en plus efficaces», a-t-elle déclaré lors d’une récente réunion d’experts de l’ONU.

La surpopulation n'est pas le problème

Selon la médecin de formation, l'inquiétude liée à la surpopulation (souvent présentée comme «bombe démographique») n'est pas fondée: «Je suis ici pour dire clairement que le simple nombre de vies humaines n’est pas une raison de s’inquiéter.» Selon les estimations de l’ONU, il y a suffisamment de ressources pour répondre aux besoins fondamentaux de tous les êtres humains – tout dépend de leur répartition correcte et équitable.

Frank Swiaczny, de l’Institut fédéral de recherche démographique, ajoute en évoquant le changement climatique: «Dans ce contexte, plus de personnes ne signifie pas nécessairement une plus grande empreinte écologique.» Près de la moitié des émissions mondiales de CO₂ seraient causées par les 10% de la population mondiale aux revenus les plus élevés, tandis que la contribution de la moitié la plus pauvre serait négligeable.

Ralentissement de la croissance démographique

«Le rythme de la croissance démographique mondiale ralentit», explique l’experte de l’ONU Rachel Snow. Selon elle, le pic de croissance a été atteint en 1964, avec 2,2% par an. À titre de comparaison, «depuis les années 2010, nous croissons de moins de 1% par année.» Selon des études récentes, cette tendance devrait se poursuivre – jusqu’à ce que la population mondiale cesse d’augmenter à partir de 2080, selon les prévisions. Elle atteindra alors 10,4 milliards d’individus.

Une attention particulière est accordée à l’évolution démographique des pays asiatiques très peuplés. La Chine, qui est – encore – le pays le plus peuplé de la planète, doit faire face à des défis considérables, car le taux de natalité de ce pays de 1,4 milliard d’habitants est faible après la politique de l’enfant unique. Les experts expliquent cela par le fait que de nombreuses personnes qui ont grandi en tant qu’enfants uniques trouvent normal de n’avoir qu’un seul enfant.

L’Inde va bientôt dépasser la Chine

L’Inde, qui compte plus de 1,3 milliard d’habitants, a un taux de natalité plus élevé et devrait dépasser la Chine dès l’année prochaine. Mais dans le pays aussi, la croissance ralentit – notamment en raison d'une meilleure accessibilité aux moyens de contraception.

Dans un avenir proche, aucune région du monde ne connaîtra une croissance démographique aussi rapide et importante que certaines parties du continent africain.

«Selon les prévisions actuelles, l’Afrique subsaharienne va continuer à croître de manière significative. Une grande partie de la croissance future de la population mondiale aura lieu dans cette région et dans certains pays d’Asie», explique l’expert Frank Swiaczny.

Évolution négative des pays à haut revenu

Selon les données de la Fondation allemande pour la population mondiale, environ 1,4 milliard de personnes vivent actuellement en Afrique. D’ici 2050, la population devrait atteindre environ 2,5 milliards d'individus. Et d'ici la fin du siècle, le nombre d'habitants en Afrique sera environ trois fois plus élevé qu’aujourd’hui, atteignant un total estimé à 4,3 milliards de personnes et représentant alors environ 40% de la population mondiale.

En revanche, des pays à haut revenu comme le Japon glissent actuellement vers une évolution démographique négative. Pour maintenir un taux de croissance stable, des pays comme l’Allemagne seraient donc tributaires de la migration. L’ONU conseille dans un rapport que «tous les pays, qu’ils enregistrent un flux net d’arrivées ou de départs de migrants, devraient prendre des mesures pour faciliter une migration ordonnée, sûre, régulière et responsable.»

Quid des prochaines étapes? Bien sûr, avec neuf puis dix milliards d’habitants sur la planète, il y aura encore des remous. Mais les experts de l'ONU pensent que la population mondiale commencera à diminuer au tournant du prochain siècle. Toutefois, comme pour les prévisions météorologiques, les pronostics concernant l’évolution de la population deviennent de plus en plus incertains au fur et à mesure que le temps passe.

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