Le message de Donald Trump à Téhéran est sans équivoque: abandon du programme nucléaire iranien ou frappes militaires. En arrière-plan des négociations qui se déroulent à Oman, des navires de guerre prennent déjà position. C'est le bras de fer diplomatique le plus délicat depuis plusieurs années et peut-être la dernière chance d'éviter un scénario aux conséquences désastreuses.
De son côté, l'administration américaine exige un renoncement total à toute forme d'enrichissement d'uranium et des limitations dans l'utilisation de missiles. Téhéran, en revanche, ne veut accepter qu'une limitation de son programme nucléaire, et non son démantèlement complet. En contrepartie, l'Iran exige un allègement sensible des sanctions américaines. Si les deux parties parlent d'une volonté de compromis, les attentes ne sauraient être plus contradictoires.
Mais Donald Trump a posé un ultimatum à Téhéran: si un accord n'est pas trouvé dans les prochaines semaines, une attaque militaire est «inévitable», et si nécessaire Israël se joindra à la partie. Parallèlement, l'Iran a fait d'énormes progrès dans l'enrichissement de l'uranium et, selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), il est sur le point d'être en mesure de produire du matériel pouvant servir à la fabrication de bombes.
Un dialogue de sourds
Le pire des scénarios serait sans doute une attaque aérienne coordonnée des Etats-Unis et d'Israël sur les installations nucléaires iraniennes. Mais cela ne serait que le début de la tragédie: l'Iran pourrait ensuite réagir en lançant des missiles sur Israël, en attaquant des bases américaines dans le Golfe, en bloquant le détroit d'Ormuz ou en mobilisant des supplétifs régionaux, comme le Hezbollah ou les milices houthis. Résultat: un embrasement généralisé de Beyrouth, au Liban, à Bassorah, en Irak.
C'est un vrai dialogue de sourds car l'Iran craint que Washington ne fasse que jouer la montre et finisse de toute façon par frapper. De leur côté, les Etats-Unis pensent que Téhéran a décidé depuis longtemps de devenir une puissance nucléaire émergente afin d'éteindre son emprise sur tout le Moyen-Orient. Un malentendu, une provocation, et l'énorme baril de poudre pourrait exploser.
Une situation particulièrement tendue, mais pas totalement désespérée, selon Reinhard Schulze, islamologue bernois: «Ces derniers mois, l'Iran a pris ses distances avec ses organisations régionales supplétives. Le pays a montré qu'il ne voulait pas dépendre des houthis ou du Hezbollah. Téhéran voulait, notamment pour des raisons religieuses et idéologiques, maintenir sa souveraineté, et il y est parvenu jusqu'à présent.» De quoi montrer patte blanche aux Américains.