Les ministres de l'Energie des pays du G20, réunis en Inde samedi, n'ont pas réussi à s'accorder sur un calendrier permettant de réduire progressivement le recours aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon).
Leur déclaration finale publiée à la fin de la rencontre à Goa ne mentionne même pas le charbon, pourtant l'un des gros contributeurs au réchauffement climatique. Mais le charbon est aussi l'une des principales sources d'énergie de beaucoup d'économies en développement dont l'Inde, pays le plus peuplé au monde, ou la Chine, deuxième économie mondiale.
Cet échec à s'accorder intervient malgré la volonté affichée en mai à Hiroshima par les dirigeants du G7 d'«accélérer» leur «sortie» des énergies fossiles, et alors que les températures mondiales atteignent des records, causant vagues de chaleur, inondations et incendies.
Pourquoi ça bloque
Pour expliquer cette impasse, l'Inde, qui préside le G20, a expliqué que certains des membres souhaitaient une «réduction des énergies fossiles 'unabated'» c'est-à-dire non adossées à des dispositifs de captage ou de stockage de carbone, «conforme aux différentes circonstances nationales».
Tandis que d'"autres ont une opinion différente sur le fait que les technologies de captage et stockage de carbone répondent à ces besoins».
Une coalition de dix-huit pays, dont la France et l'Allemagne, menée par les Îles Marshall, a réclamé vendredi dernier «une sortie urgente des énergies fossiles» et «un pic des gaz à effet de serre d'ici à 2025», estimant que «l'humanité ne peut pas se permettre d'attendre».
Cette coalition réclame une diminution de 43% des émissions mondiales d'ici à 2030 par rapport à 2019, afin de respecter la limite des 1,5°C, conformément aux calculs des experts climat des Nations unies.
Les riches devraient-ils davantage payer?
Mais beaucoup de pays en développement estiment que les pays riches, plus gros pollueurs, doivent financer davantage la transition énergétique. L'Inde notamment s'est fixée un objectif de zéro émission nette pour 2070, soit 20 ans plus tard que beaucoup d'autres pays.
Un rapport préparant la présidence de l'Inde au G20 a calculé à 4000 milliards de dollars par an le coût de la transition énergétique et souligné l'importance d'un financement à bas coût pour les transferts de technologies et les pays en développement, une demande récurrente de New Delhi.
Le PDG de la compagnie pétrolière des Emirats arabes unis Adnoc, Sultan Al Jaber, qui présidera les négociations de la COP28, a déclaré qu'il s'attendait à ce que les combustibles fossiles continuent à jouer un rôle, même réduit, avec l'aide, controversée, de dispositifs de captage ou de stockage de carbone.
Il a toutefois estimé que leur réduction était «inévitable» et «essentielle», mais que le réalisme interdisait de s'en passer du jour au lendemain.
(ATS)