Réduction de la production en vue?
Les prix du pétrole se détendent après la vive hausse de la veille

Les prix du pétrole repartaient à la baisse mercredi, après avoir affiché la veille au soir une vigoureuse hausse. En cause: la perspective d'une possible réduction de production de l'Opep et les problèmes mécaniques d'un important terminal de la mer Noire.
Publié: 24.08.2022 à 09:44 heures
Les attentes d'une nouvelle baisse des réserves américaines d'or noir avaient dopé les cours du brut. (Photo: Gerald Herbert)
Photo: Gerald Herbert

Vers 07h30, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre se négociait en dessous du seuil des 100 dollars, à 99,69 dollars, soit une baisse de 0,52%. Mardi soir, le prix s’était envolé de 3,87%, à 100,22 dollars. Quant aux 159 litres de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance également en octobre, ils valaient 93,48 dollars, en repli de 0,27%, après avoir décollé la veille de 3,74%, à 93,74 dollars.

«Depuis un mois, le marché était très focalisé sur la baisse de la demande aux Etats-Unis» et en Chine, avec la crainte d’une récession mondiale, «et les prix avaient chuté», a rappelé Eli Rubin, d’EBW Analytics Group. «Là, on se concentre de nouveau sur l’offre.»

En tête d’affiche, les propos du ministre saoudien de l’Energie, Abdulaziz ben Salmane, qui a évoqué une possible réduction de la production de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et de ses alliés de l’accord Opep + pour stabiliser les cours, trop volatils selon lui et déconnectés de l’économie réelle.

Réduction de production pas imminente

Plusieurs représentants de pays d’autres membres de l’Opep, cités mardi par le Wall Street Journal sous couvert d’anonymat, se sont dits ouverts à une telle option, a fortiori en cas de nouveaux signaux annonçant une récession. L’agence Reuters a, elle, cité des sources indirectes estimant qu’une réduction de production n’était pas imminente et qu’elle dépendrait en grande partie de l’issue des discussions sur le nucléaire iranien.

Plus d’une semaine après avoir répondu à la proposition de texte de l’Union européenne, Téhéran s’impatiente faute d’avoir obtenu une réponse formelle des Etats-Unis. Un accord permettrait de libérer rapidement environ 100 millions de barils de stocks iraniens, à quoi s’ajouteraient au moins un million de barils par jour de production dans des délais rapprochés.

L’autre coup de projecteur sur l’offre est venu de Russie. Les opérateurs de l’oléoduc CPC (ou KTK), qui achemine l’essentiel des exportations de pétrole kazakh vers le terminal russe de Novorossisk, sur la mer Noire, ont fermé deux des trois points de ravitaillement offshore, endommagés. Les approvisionnements des tankers ne se font plus que par un seul point, le troisième, ce qui limite les volumes exportés, jusqu’à nouvel ordre.

Dernière source de tension sur le marché, mardi, la perspective d’une nouvelle baisse importante des stocks de brut aux Etats-Unis, qui sont déjà inférieurs de 6% à la moyenne des cinq dernières années à la même époque. Les analystes prévoient une contraction de 2,5 millions de barils sur la semaine, avant la publication du chiffre officiel dans l’après-midi.

Plus d’exportations vers l’Europe en hiver?

Ailleurs sur le marché de l’énergie, les prix du gaz se repliaient également après avoir atteint des niveaux extrêmes ces derniers jours. Le contrat à terme du TTF néerlandais, référence du marché européen du gaz naturel, se contractait de 2,78% à 269,50 euros le mégawattheure (MWh). Lundi, il avait touché les 295 euros le MWh, un montant inédit depuis les séances très volatiles des premières semaines de l’invasion russe de l’Ukraine mi-mars.

Le gaz naturel américain progressait lui de 1,22% à 9,30 dollars par million d’Unités thermales britanniques (BTU), la référence anglo-saxonne. Il avait enregistré mardi un nouveau plus haut depuis 14 ans, à 10,028 dollars. Contrairement à l’Europe, les Etats-Unis sont autosuffisants, mais les opérateurs s’inquiètent du faible niveau des stocks à l’approche de la saison froide, a expliqué à l’AFP, Eli Rubin.

«Certains craignent qu’en cas d’hiver extrêmement froid, les Etats-Unis ne soient pas en mesure d’assurer leurs besoins et d’exporter vers l’Europe», dit-il, ce qui mettrait encore davantage en difficulté cette dernière.

(ATS)

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