Rabat rejette les offres d'aide d'une soixantaine de pays
Le Maroc n'accepte pas l'aide suisse à la suite du tremblement de terre

Rabat se montre sélectif dans l'acceptation de l'aide suite au tremblement de terre. Des dizaines de gouvernements ont proposé leur aide. Le Maroc les snobe – même celle de la Suisse. Et ce, alors que le pays semble complètement dépassé par la catastrophe.
Publié: 12.09.2023 à 11:36 heures
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Dernière mise à jour: 14.09.2023 à 14:22 heures
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Près de 3000 morts, presque autant de blessés et de personnes grièvement atteintes, de nombreux disparus: le Maroc souffre des conséquences du violent séisme de vendredi.
Photo: KEYSTONE
Daniel Kestenholz

Dans les zones difficiles d'accès touchées par le séisme au Maroc, les forces d'intervention travaillent jusqu'à l'épuisement dans leur recherche désespérée de survivants. C'est parfois à mains nues et sous une chaleur accablante que les services de secours doivent se frayer un chemin à travers les décombres et les tas de débris. L'espoir de retrouver des personnes encore vivantes, quatre jours après le violent séisme, s'amenuise d'heure en heure.

Le nombre de victimes approche les 3000 et le nombre de blessés, parfois graves, est presque aussi élevé. D'innombrables personnes sont portées disparues. Les secouristes et les moyens de secours manquent de toutes parts. Mais le Maroc n'accepte pas les offres d'aide de nombreux pays – le pays snobe une série de gouvernements étrangers. Et ce, alors que le temps et les besoins croissants sont urgents.

La Suisse attend une réaction

La Suisse a également fait une offre d'aide. Comme le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) l'a annoncé lundi sur son site Internet, «les autorités marocaines n'ont pas encore réagi à l'offre d'aide».

L'offre d'aide suisse comprend un soutien dans différents domaines tels que les abris d'urgence, l'accès à l'eau potable et aux installations sanitaires ainsi que la médecine et les techniques de construction. Une équipe de huit spécialistes du Corps suisse d'aide humanitaire (CSA) a été constituée et est prête à se rendre dans le pays. Mais le Maroc reste muet face à la proposition de Berne.

Il en va de même pour des pays comme la France, l'Allemagne, l'Italie et les Etats-Unis. Même les Nations Unies ont déclaré pouvoir apporter toute l'aide possible après le tremblement de terre dévastateur dans le Haut Atlas.

Le Maroc préfère les pays «amis»

A la stupéfaction de nombreux gouvernements étrangers, le Maroc n'accepte pas toutes les offres d'aide et se montre sélectif. Le ministère de l'Intérieur a déclaré dimanche qu'il ne laisserait entrer dans un premier temps que des équipes de recherche et de sauvetage de Grande-Bretagne, du Qatar, d'Espagne et des Emirats arabes unis – quatre pays qualifiés d'«amis». Rabat doit tenir compte des «besoins sur place».

En France, pays qui a dominé le Maroc en tant que puissance coloniale de 1912 à 1956, ce refus a été accueilli avec étonnement. On spécule que les questions migratoires jouent également un rôle dans le refroidissement des relations entre Rabat et Paris.

Selon la ministre française de l'Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna, une soixantaine de pays ont proposé une aide au Maroc suite au tremblement de terre. Rabat n'a donné son feu vert qu'à une poignée d'entre elles, tandis que les spéculations vont bon train sur les éventuelles motivations politiques du pays nord-africain.

L'équipe allemande était déjà à l'aéroport

Dimanche, une équipe de 50 personnes de l'agence fédérale allemande de secours technique (THW) a également été rapatriée. Les spécialistes s'étaient réunis ce week-end à l'aéroport de Cologne-Bonn. Le Maroc n'a pas accepté leur offre d'aide. Les secouristes ont dû rentrer chez eux sans avoir obtenu satisfaction.

«Nous avons besoin de l'aide de tous ceux qui nous la donnent»

Le gouvernement marocain abandonne sa population. «Nous avons tellement besoin d'aide», cite la BBC en citant un habitant d'un village dévasté. «Et nous avons besoin de l'aide de tous ceux qui veulent nous la donner».

«Je veux que les gens m'aident», déclare cet homme du nom d'Omar Ait Mahdi. Sa femme est à l'hôpital, ses deux filles Hanane et Khadija sont toujours quelque part dans les décombres. «J'aimerais que le monde m'aide», se plaint l'homme. «J'ai perdu mes enfants, ma maison, tout ce que je possède.»


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