Quelque 150'000 dollars de compensation
Une ex-esclave sexuelle doit dédommager la famille de son bourreau

Une Etasunienne a été violée à l'âge de 15 ans et vendue comme esclave sexuelle. Aujourd'hui, elle a été jugée pour avoir tué son bourreau. Le verdict: 20 ans avec sursis et 150'000 dollars de dédommagement pour sa famille.
Publié: 16.09.2022 à 22:40 heures
1/6
Pieper Lewis a été victime de viols et d'esclavage d'enfants.
Photo: Gofundme

On ne peut que secouer la tête face aux lois de l’Etat américain de l’Iowa. Pour beaucoup, il était inconcevable que le procureur de la ville-capitale de Des Moines veuille juger une esclave sexuelle de 15 ans pour meurtre parce que celle-ci avait tué son tortionnaire. Mais c'est arrivé: Pieper Lewis, qui a maintenant 17 ans, doit payer 150’000 dollars de dédommagement à la famille de Zachary B.*, qui l’a violée et vendue à d’autres hommes pour des relations sexuelles.

Parce qu’elle était gravement maltraitée par sa belle-mère, la jeune femme, qui souhaite faire la une de la presse pour attirer l’attention sur son sort – s’est enfuie de chez elle. Dans sa fugue, l’adolescente est tombée sur Zachary B.

Même le Ministère public a admis que l’homme avait emmené la jeune femme chez lui contre sa volonté, l’avait menacée avec un couteau et l’avait violée à plusieurs reprises. Il l'a ensuite forcée à avoir des relations sexuelles avec d’autres hommes contre de l’argent.

Poignardé dans son sommeil

En juin 2020, la victime a pris son courage à deux mains et l’a poignardé une nuit – seule solution pour mettre fin à son calvaire. L’homme, endormi, est décédé des suites de ses blessures.

Pour le Ministère public, pas de négociations possible: il s’agit bel et bien d’un meurtre, puisque le violeur «dormait et ne représentait pas un danger immédiat». Les critiques ont fusé dans tous les Etats-Unis et de la part des associations de défense des enfants victimes d’esclavage sexuel. Le Ministère public s’est incliné et a proposé un accord. Pieper Lewis devait plaider coupable d’homicide involontaire en échange d’une peine de 20 ans de prison avec sursis.

«Par sa faute, deux enfants n’ont plus de père»

Le procureur du comté de Polk, Erik Howe, s’est ensuite plaint que Pieper Lewis se présentait publiquement comme une victime – alors que «par sa faute, deux jeunes enfants n’ont plus de père». Le juge David Porter ne semblait pas non plus avoir beaucoup d’empathie pour l’adolescente.

Il a annoncé que la jeune femme devait se conformer à des «conditions strictes», faute de quoi elle devrait s’attendre à passer 20 ans en prison. Il lui a également ordonné de verser 150’000 dollars de dédommagement à la famille de son violeur, «parce que c’est ce que prévoient les lois de notre Etat en matière d’homicide».

Les lois sur l’avortement divisent le pays

Le thème des lois américaines est à nouveau sur toutes les lèvres, en tout cas depuis fin juin, où la Cour suprême a mis fin au droit constitutionnel à l’avortement, inscrit dans le jugement historique de l’affaire «Roe v. Wade». Pour de nombreuses femmes, le monde s’est effondré. Dans plusieurs États américains – dont le Texas, le Missouri et l’Oklahoma – il n’est désormais plus possible d’avorter légalement – même après un viol ou un cas d’inceste. Le renversement du droit national a déclenché des protestations massives dans d’innombrables villes au cours de l’été.

Dans l’Iowa – l’Etat dans lequel la victime de viol Pieper Lewis a été jugée – l’avortement est encore autorisé. Mais comme l’écrit le «New York Times», cela pourrait changer. On s’attend à ce que près de la moitié des Etats interdisent l’avortement ou imposent des restrictions à l’interruption de grossesse. Dans des États comme l’Iowa ou l’Arizona, l’avortement reste pour l’instant légal.

Bonne nouvelle pour l’adolescente: en l’espace de 24 heures, des personnes de tout le pays avaient fait des dons pour elle sur le site web «GoFundMe». Plus de 325’000 dollars ont ainsi été récoltés jusqu’à présent. Avec la somme restante, elle veut aller à l’université et lancer une organisation qui aide d’autres jeunes victimes de l’esclavage sexuel.

* Nom connu de la rédaction

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la