Qu'à moitié italien?
Léonard de Vinci serait en réalité le fils d'une esclave du Caucase!

Le célèbre peintre de la Joconde n'aurait été qu'à moitié italien, a révélé mardi à Florence un universitaire reconnu. La raison: la mère de l'artiste de la Renaissance aurait été une esclave circassienne, une région située au nord du Caucase.
Publié: 15.03.2023 à 10:37 heures
Un éminent universitaire a apporté de nouvelles révélations sur la vie de Léonard de Vinci.
Photo: Keystone

Léonard de Vinci, auteur de la Joconde et symbole de la Renaissance, n'était en fait qu'à moitié italien, a affirmé mardi à Florence un éminent universitaire, selon lequel la mère du génie était une esclave circassienne.

Alors que jusqu'ici la mère de Léonard était présentée comme la fille d'un paysan toscan, Carlo Vecce, un spécialiste de la Renaissance et professeur à l'université de Naples, a conclu de ses recherches dans les archives de la ville de Florence que celle-ci avait une histoire bien plus tourmentée confinant au romanesque.

«C'était une femme qui a été enlevée dans son pays d'origine dans les montagnes du Caucase, vendue et revendue plusieurs fois à Constantinople, puis à Venise, et elle est enfin arrivée à Florence où elle a rencontré un jeune notaire, Pierre de Vinci», a-t-il expliqué dans un entretien avec l'AFP.

Un long travail d'archives

«Leur fils se nomme Léonard», lâche dans un sourire celui qui s'est inspiré de ce parcours pour le moins extraordinaire pour écrire un roman racontant l'odyssée de cette femme jusqu'ici méconnue, intitulé «Le sourire de Catherine - La mère de Léonard de Vinci».

Les découvertes de cet universitaire traquant depuis des années tout ce qui touche à Léonard jettent une nouvelle lumière sur cet archétype du génie universel né en 1452 qui sillonna l'Italie pendant toute sa vie et finit par mourir en France, à Amboise, en 1519 à la cour de François 1er.

Cette théorie promet aussi de faire du bruit dans le petit monde des spécialistes de la Renaissance italienne, qui ne manqueront pas de l'examiner à la loupe.

Mais Carlo Vecce fonde ses affirmations sur toute une série de documents historiques qu'il a patiemment récoltés dans les archives. «Le plus important est un document écrit par Pierre de Vinci en personne, le père de Léonard : il s'agit de l'acte d'émancipation de Catherine», un acte notarié qui permet à cette dernière de «récupérer sa liberté et sa dignité d'être humain».

Sortie de l'esclavage

Ce précieux document datant de 1452 a été présenté mardi au cours d'une conférence de presse au siège de la maison d'édition florentine Giunti devant un parterre de médias internationaux. Le Pr Vecce ne manque pas de souligner que c'est «donc l'homme qui a aimé Catherine quand elle était encore une esclave et qui a eu un enfant avec elle qui l'a aidée à retrouver la liberté».

Un changement radical de perspective puisque que, jusqu'ici, on considérait que Léonard était le fruit d'une relation amoureuse illégitime entre Pierre de Vinci et une jeune paysanne toscane nommée Caterina di Meo Lippi.

Pour Carlo Vecce, les tribulations de sa mère esclave et «migrante» ont évidemment eu un impact sur l'oeuvre du génial Léonard, auquel Catherine a laissé «un héritage important et avant tout l'esprit de liberté» qui «inspire toute son oeuvre scientifique et intellectuelle».

Léonard de Vinci fait en effet partie des artistes de son époque dits «polymathes» : il maîtrise plusieurs disciplines comme la sculpture, le dessin, la musique et la peinture, qu'il place au sommet des arts, et bien sûr les sciences. Dans le domaine de la recherche scientifique, «rien ne l'arrête», commente le Pr Vecce.

Une théorie très convaincante

L'histoire de la mère de ce totem de la culture universelle telle que racontée par cet enthousiaste universitaire semble presque trop belle pour être vraie.

Et pourtant, cette théorie «est de loin la plus convaincante», tranche Paolo Galluzzi, un historien spécialiste de Léonard et membre de la prestigieuse académie scientifique des Lincei de Rome, interrogé par l'AFP à Florence et qui met en avant la qualité des documents fournis par son collègue. «Il subsiste bien sûr un minimum de doutes, parce que nous ne pouvons pas prouver (cette théorie) par un examen d'ADN», concède-t-il.

Même si lui-même n'est pas si surpris que cela: cette période historique marque «le début de la modernité, des échanges entre peuples, cultures et civilisations qui ont donné naissance au monde moderne».

(AFP)

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