La nouvelle va sans doute faire l’effet d’une bombe. L’enquête pour «provocation à la haine raciale» et «injure à caractère raciste» ouverte en septembre 2020 contre le rappeur français Freeze Corleone a été classée en septembre 2021, a appris Blick.
Le Parquet de Paris le confirme ce vendredi 1er avril: «En réponse à votre demande, je vous confirme que la procédure initiée en septembre 2020 a été classée sans suite en septembre 2021 du fait de l’acquisition de la prescription de l’action publique à l’égard des propos susceptibles de revêtir une qualification pénale», écrit le vice-procureur Vincent Plumas dans son courrier électronique.
Freeze Corleone, de son vrai nom Issa Lorenzo Diakhaté, avait provoqué une immense polémique pour des propos jugés «antisémites» et «négationnistes» tenus dans ses chansons et dans plusieurs clips. C’est le gouvernement français lui-même qui avait saisi la justice, expliquait notamment «Le Monde». Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, était ainsi monté au front, notamment sur Twitter.
«J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 30»
Quelle est la nature des textes de l’artiste? Florilège réuni par «Le Figaro» et «Le Monde»: «On arrive dans des allemandes comme des SS»; «J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 30 […]»; «J’ai les techniques de propagande de Goebbels […]»; «Tous les jours R.A.F (ndlr: rien à foutre) de la Shoah»; «Gros comme des banquiers suisses. Tout pour la famille, pour que mes enfants vivent comme des rentiers juifs»; «Tous les jours fuck Israël comme si j’habite Gaza»; «J’suis à Dakar t’es dans ton centre à Sion». Il fait aussi référence au chef des talibans tué en 2013: «Seigneur de guerre comme le mollah Omar».
L’album sur lequel figurent ces sons, «La Menace Fantôme», était sorti le 11 septembre 2020. Après la diffusion d’extraits par la Ligue contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), qui dénonçait son «obsession des Juifs», le gouvernement d’Emmanuel Macron, par l’entremise de Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), avait saisi la justice.
«Quand j’entends les paroles de ce rappeur, un cocktail d’antisémitisme, de négationnisme et de complotisme, l’incitation à la haine me paraît assez caractérisée, avait déclaré Frédéric Potier dans 'Le Monde'. Nous avons un devoir de vigilance, ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’on saisit la justice à propos d’un chanteur de rap.» Le Parquet de Paris avait ouvert son enquête le 17 septembre 2020.
«Enfin libre»
Comment les faits peuvent-ils donc être prescrits alors que l’enquête avait été ouverte six jours après la diffusion de «La Menace Fantôme»? Selon nos informations, la raison est simple: les chansons réunies dans le premier album de Freeze Corleone — certifié double disque de platine en mars 2022 — avaient déjà été diffusées dans les années qui ont précédé sa sortie.
Le label de musique Universal, qui distribuait l’album, avait annoncé «cesser toute collaboration avec cet artiste» au lendemain de l’ouverture de la procédure judiciaire. «Enfin libre. Merci à tous pour le soutien, Dieu vaincra […]», avait réagi leur étoile montante sur son compte Twitter.
Ce Français de 29 ans, habitant de Dakar, mais né d’un père sénégalais et d’une mère italienne aux Lilas, en Île-de-France, est aussi pointé du doigt pour «complotisme», notamment parce qu’il fait référence aux Illuminati et au groupe Bilderberg dans l’une de ses chansons. Entretenant le mystère qui entoure sa personnalité, Freeze Corleone n’a jamais donné d’interview.