Portrait de l'homme qui menace Taïwan
Qui est vraiment le président chinois Xi Jinping?

Le monde tremble devant Xi Jinping. Le président chinois sort l'artillerie lourde contre Taïwan pour marquer des points auprès de son propre peuple. Blick montre le dilemme auquel est confronté le président chinois.
Publié: 07.08.2022 à 06:05 heures
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Dernière mise à jour: 07.08.2022 à 08:44 heures
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Xi Jinping se construit un règne à vie depuis son entrée en politique.
Photo: imago images/Xinhua
Guido Felder

Après Poutine, c'est au tour d'un autre dirigeant d'une superpuissance de sortir les armes. Le président chinois Xi Jinping a mis sa menace à exécution: il a fait tirer des missiles en mer et appareiller des navires de guerre après la visite à Taïwan de Nancy Pelosi, la porte-parole de la majorité à la Chambre des représentants américaine.

Xi Jinping a en outre imposé des sanctions à Nancy Pelosi et aux membres de sa famille pour ingérence «dans les affaires intérieures chinoises». Il a ensuite stoppé le dialogue avec les Etats-Unis sur la protection du climat et d'autres sujets pressants.

En vue d'une réélection

Ces très fermes mesures prises par le président chinois ont un but: montrer à son peuple et au parti communiste que c'est lui qui dicte l'agenda politique international. Ce signe est surtout important à l'intérieur du pays: à l'automne, il doit être confirmé comme secrétaire du parti.

Même si sa réélection n'est guère menacée, il doit veiller à ce qu'elle soit un succès. La pandémie a durement touché la Chine et - en tant que lieu d'origine présumé du virus - lui a donné une mauvaise image dans le monde entier. L'économie, encore florissante il y a peu, est actuellement au point mort à cause des confinements extrêmement stricts qu'impose Xi Jinping au moindre cas de Covid-19.

De la lutte contre la corruption à l'oppression

Xi Jinping avait pourtant fait des débuts politiques réussis en 2012. Ralph Weber, spécialiste de la Chine à l'université de Bâle, explique: «Lorsque Xi Jinping est arrivé au pouvoir, le Parti communiste avait perdu de sa superbe. Grâce à une vaste campagne anti-corruption et à d'autres mesures, Xi Jinping a réussi à remettre le parti sur les rails et à l'ancrer à nouveau de manière immuable dans tous les domaines de la société.»

Mais ce que Xi Jinping annonçait comme une lutte contre la corruption a débouché sur une grave répression des opposants. Sous sa direction, la politique d'assimilation culturelle des minorités, les camps de rééducation et la persécution des Ouïghours musulmans et d'autres groupes sociaux ont été mis en œuvre. Les mesures agressives contre Taïwan et Hong Kong se sont également intensifiées.

Lavage de cerveau à l'école

Depuis peu, 300 millions d'élèves, de l'école primaire à l'université, ont une nouvelle branche scolaire. Elle s'appelle «La pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise pour une nouvelle ère» et est accompagnée de son manuel.

Sous la photo de Xi Jinping souriant, on peut lire: «Grand-père Xi est très occupé par son travail. Mais il participe quand même à nos activités et se soucie de nous.» Les critiques parlent du lavage de cerveau de tout un peuple.

Lors du Forum économique mondial de 2017 à Davos, il s'était pourtant montré sous un autre jour. Il avait plaidé pour «la construction d'une économie mondiale plus ouverte et plus inclusive» et s'était posé en «fervent défenseur de la mondialisation et du libre-échange». Quatre ans plus tard, à la même occasion, il a réaffirmé son intention d'aller dans la direction des six concepts de paix, de développement, d'équité, de justice, de démocratie et de liberté.

La construction d'un règne à vie

Xi Jinping - marié en secondes noces à la chanteuse de musique populaire Peng Liyuan et père d'une fille de 30 ans, Xi Mingze, avait été élu à la tête du parti en 2012. Afin d'étendre son pouvoir, le dirigeant a fait supprimer de la Constitution la limite de dix ans pour le mandat de président de la République.

Il cumule en plus les pouvoirs: il est secrétaire général du Parti communiste, président de la Commission militaire, président de la République et chef de nombreux organes importants. Xi Jinping s'est rapproché ainsi du dictateur Mao Zedong en son temps (1893-1976) et s'est construit un règne à vie en tant que leader suprême.

Depuis son arrivée au pouvoir, un autre contrôle s'est imposé au quotidien: la surveillance totale. Des milliers de caméras dotées d'un programme de reconnaissance faciale enregistrent continuellement les mouvements dans l'espace public. Si une personne suspecte s'enregistre dans un hôtel, achète un billet d'avion ou franchit une frontière provinciale, l'alarme sonne.

Dans cette optique de consolidation de pouvoir, il a renforcé l'armée avec des missiles hypersoniques, encore plus d'ogives nucléaires et un porte-avions ultramoderne. Elle est aujourd'hui presque aussi puissante que le numéro un mondial, à savoir les Etats-Unis.

Entre Poutine et l'Occident

Le président chinois a fait de son homologue russe Vladimir Poutine son ami. Jusqu'à présent, il n'a pas condamné clairement la guerre en Ukraine. Mais en même temps, Xi Jinping ne veut pas irriter l'Occident. Ralph Weber explique: «L'impression en occident est que la République populaire de Chine reste certes ouverte à la Russie au niveau de la rhétorique - et peut-être aussi de l'idéologie - mais qu'elle ne veut pas pour autant risquer ses relations avec les Etats-Unis et l'Europe.»

A Taïwan, Xi Jinping doit donc jongler avec des intérêts opposés. La plupart des experts s'accordent à dire qu'il est peu probable qu'une guerre éclate.

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