Dans une réplique apparente contre Ankara, des tirs de roquette effectués depuis le territoire syrien ont atteint un poste-frontière turc faisant au moins huit blessés, deux soldats et six policiers turcs, selon l'agence officielle turque Anadolu.
«L'opération aérienne Griffe Epée a été menée avec succès dans le cadre de notre stratégie visant à éliminer les attaques terroristes du nord de l'Irak et de la Syrie, assurer la sécurité des frontières et éliminer le terrorisme à sa source», a déclaré le ministère turc de la Défense, dans un communiqué.
Immédiatement accusés de l'attentat d'Istanbul qui avait fait six morts et 81 blessés, le Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK) et les Forces démocratiques syriennes (FDS), soutenues par Washington, avaient nié toute implication.
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Au total 89 cibles comprenant des abris, tunnels, dépôts de munitions, postes de commandement et camps d'entraînement ont été «détruits», et «beaucoup de terroristes ont été neutralisés», a affirmé le ministère turc de la Défense.
Les frappes dans les provinces syriennes de Raqa et Hassaké (nord-est) et d'Alep (nord), faisant au moins 18 morts dans les rangs des FDS et 12 morts dans ceux du régime syrien, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni et qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie. Il y a eu 40 blessés, selon la même source.
L'ONG a également fait état de la mort d'un journaliste, Issam Abdallah, correspondant syrien d'une agence de presse kurde. Les autorités autonomes kurdes ont de leur côté fait état d'au moins 29 morts.
Les FDS «répondront»
«Ces attaques de l'Etat d'occupation turc ne resteront pas sans réponse. Au moment et à l'endroit appropriés, nous répondrons avec force et efficacité», ont promis dans un communiqué les FDS, avant l'annonce des tirs de roquette contre la frontière turque.
L'agence officielle syrienne Sana a, quant à elle, confirmé la mort de plusieurs soldats syriens, sans en préciser le nombre. Le ministère syrien de la Défense a dénoncé des «agressions turques» dans lesquelles «des soldats ont été tués».
Les frappes turques ont complètement détruit la quatrième centrale électrique de Taql Bakl, près d'Al-Malikiyah dans le sud de la province de Hassaké, a rapporté un photographe de l'AFP, qui a vu des cadavres dimanche matin près d'une voiture sur place.
Bombardements «agressifs et barbares»
Les bombardements ont également ciblé des positions où les forces du régime de Damas sont déployées à Raqa, Hassaké et Alep, selon l'OSDH. «Kobané, la ville qui a défait l'Etat islamique, est la cible de bombardements par l'aviation de l'occupation turque», a annoncé Farhad Shami, un porte-parole des FDS, qui a rapporté que deux membres des FDS ont été tués à Al-Malikiyah, et quatre soldats prorégime dans le nord d'Alep.
Le commandant en chef des FDS, Mazloum Abdi, a dénoncé des bombardements «agressifs et barbares». «Le bombardement turc de nos zones menace la région entière. Ce bombardement ne sert aucun parti. Nous faisons tout pour éviter une catastrophe majeure. Si la guerre éclate, tout le monde sera affecté», a-t-il tweeté.
«Pas de victimes» en Irak
En revanche, les frappes turques n'ont «pas fait de victimes» dans le nord de l'Irak, a affirmé un responsable du gouvernement régional du Kurdistan d'Irak à l'AFP.
«Les Turcs ont visé au moins huit zones où se trouvent des bases du PKK sans faire de victime civile», a assuré ce responsable, citant les régions montagneuses de «Shingal, Rawanduz, Bradost, Qandil, Asos, Soran, Rania et Qaladzi», situées entre Erbil, la capitale du Kurdistan autonome irakien et la frontière iranienne.
Selon un porte-parole du PKK «ces opérations ne sont pas nouvelles, elles durent sans discontinuer depuis sept mois». Il a égalment affirmé que «l'armée turque a effectué 3694 bombardements sur le sol du Kurdistan d'Irak» pendant cette période.
Au lendemain de l'attentat commis le 13 novembre dans une rue très commerçante et fréquentée d'Istanbul, les autorités turques ont accusé une jeune femme, présentée comme de nationalité syrienne, d'avoir posé la bombe. Selon le ministre turc de l'Intérieur Suleyman Soylu, «l'ordre de l'attentat a été donné de Kobané».