Viktor Orban a affirmé lundi qu'il n'y avait «pas de compromis» acceptable «pour l'instant» concernant un embargo européen sur le pétrole russe, exigeant des «garanties» pour l'approvisionnement de son pays. «Il n'y a pas de compromis du tout pour l'instant», a-t-il déclaré à la presse, en arrivant à un sommet de l'UE.
Un nouveau projet de conclusions du sommet prévoit l'adoption «sans délai» du nouveau train de sanctions, incluant un embargo sur le pétrole russe d'ici la fin de l'année, «avec une exemption temporaire pour le brut acheminé par oléoduc», afin de lever le veto de la Hongrie, inquiète pour ses approvisionnements.
L'extension de l'embargo aux acheminements par oléoduc sera ensuite discutée «dès que possible», selon le texte.
Orban réclame une garantie
«Je pense qu'on va vers un accord sur un sixième paquet de sanctions», a quant à lui déclaré à son arrivée le président français Emmanuel Macron, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE.
Viktor Orban a aussi jugé que cette exemption était une «bonne solution». Mais «ce qui nous pose problème, c'est si quelque chose arrivait à l'oléoduc transportant le pétrole russe, ce dont les Ukrainiens et d'autres ont parlé», a-t-il expliqué. Dans ce cas «nous avons besoin d'une garantie que nous pourrions recevoir du pétrole par la mer ou d'ailleurs».
«D'abord, nous devons trouver des solutions et après, les sanctions», a averti le dirigeant souverainiste, fustigeant le «comportement irresponsable» de la Commission européenne qui a préparé le paquet de sanctions.
Un pays enclavé
La Hongrie, pays enclavé sans accès à la mer, dépend pour 65% de sa consommation du pétrole russe acheminé par l'oléoduc Droujba, s'oppose à un embargo à moins de bénéficier d'une exemption d'au moins quatre ans pour s'y préparer et de près de 800 millions d'euros de financements européens pour adapter ses raffineries.
L'unanimité est requise pour l'adoption des sanctions. L'ambassadeur hongrois n'a pas exprimé d'opposition lundi au projet de conclusions, selon une source diplomatique. Il sera soumis pour discussion aux chefs d'Etat et de gouvernement, réunis à partir de 16h00.
Visioconférence de Zelensky
Jusqu'à présent, l'absence totale de perspective d'accord sur de nouvelles sanctions menaçait de parasiter le sommet, où doit s'exprimer à l'ouverture par visioconférence Volodymyr Zelensky, qui appelle à durcir toujours davantage les mesures pour assécher le financement de l'effort de guerre de Moscou.
Selon un diplomate, un accord sur un embargo progressif cantonné au pétrole transporté par bateau (soit les 2/3 des achats européens de pétrole russe) pourrait être formellement entériné «probablement cette semaine» après le sommet.
Des négociations auront lieu ensuite pour cesser aussi les importations via l'oléoduc Droujba (1/3 des approvisionnements européens), dont la branche nord dessert Allemagne, Autriche et Pologne, et la branche sud Hongrie, République tchèque et Slovaquie. Mais aucun calendrier n'est prévu donc «les garanties sont un peu faibles», note un diplomate, redoutant que le premier ministre hongrois Viktor Orban joue la montre.
Berlin et Varsovie devraient en outre s'engager à arrêter, même s'ils n'y sont pas contraints, leurs importations par Droujba, selon des sources européennes. Pour Moscou, il est plus facile de trouver d'autres acheteurs pour ses exportations par tankers que par oléoduc.
La Bulgarie, très dépendante du pétrole russe, a assuré vouloir «envoyer un signal fort», a déclaré lundi le premier ministre bulgare Kiril Petkov.
Élargissement de la liste noire
Paralysé jusqu'alors par le blocage de la Hongrie, le sixième paquet de sanctions préparé par la Commission et en négociations depuis un mois prévoit aussi un élargissement de la liste noire de l'UE à une soixantaine de personnalités, dont le chef de l'Eglise orthodoxe russe, le patriarche Kirill.
Il comprend également l'exclusion de trois banques russes du système financier international Swift, dont Sberbank, principal établissement du pays.
Le sommet de deux jours doit aborder les conséquences de la crise alimentaire liée à la guerre, la transformation énergétique du continent pour se passer du gaz russe, une proposition d'aide financière jusqu'à neuf milliards d'euros à l'Ukraine en 2022 et le financement de sa reconstruction.
(ATS)