La guerre ne semble pas se dérouler comme Vladimir Poutine l’avait prévu. L’invasion de l’Ukraine est au point mort, l’armée russe a été vaincue devant Kiev et les observateurs occidentaux estiment que ses pertes sont élevées.
Ajoutons à cela que les soutiens étrangers à l’Ukraine se multiplient. Mais le président russe n’est pas de nature à se laisser faire. Ce mercredi, à la Douma, il n’a pas hésité à utiliser l’intimidation. «Si quelqu’un envisage encore de s’ingérer de l’extérieur et si cela entraîne des menaces inacceptables pour la Russie d’un point de vue stratégique, nous réagirons en un éclair, gronde-t-il. Nous avons tous les instruments nécessaires pour le faire.»
A quels «instruments» peut-il bien faire référence? Les experts se penchent actuellement sur la question. Le Service de renseignement de la Confédération (SRC) suppose qu'il s'agit peut-être à nouveau d'une menace de recours à l'arme nucléaire, comme il l’écrit dans une analyse confidentielle. Mais il n’exclut pas non plus qu’il s’agisse d’une autre instrument ultramoderne. Les services secrets expliquent dans leur document qu'«il est plausible que Poutine fasse allusion au laser Peresvet». Ce laser fait partie «des six armes dites 'miracles' de Poutine», poursuit le rapport.
Qu'est-ce que ce fameux laser? On sait peu de choses sur cette arme qui porte le nom d’un moine combattant russe du XIVe siècle. Poutine a annoncé il y a quatre ans la mise en service de lasers modernes. Depuis, les experts s’interrogent sur leur utilisation. On suppose qu’ils pourraient endommager – voire détruire – des drones et des satellites, mais personne ne sait s’ils ont déjà été utilisés.
Les satellites américains menacés
Le SRC part du principe que ce laser servirait en premier lieu à «empêcher la détection d’unités mobiles des troupes sur le terrain», c'est-à-dire à mettre hors service des équipements analysant la position de soldats «au moyen de satellites de l’adversaire».
Si Poutine faisait référence au Peresvet dans sa déclaration, cela signifierait que des satellites américains sont dans son collimateur. Les images de ces satellites sont mises à disposition de l’armée ukrainienne par les États-Unis. Or, «on ne sait pas si le Peresvet peut aveugler temporairement les capteurs des satellites ou les endommager», mentionne l’analyse des services secrets suisses. «Dans ce dernier cas, les moyens d’intervention spatiaux américains utilisés pour soutenir l’Ukraine dans sa lutte contre la Russie pourraient être affectés ou endommagés 'en un éclair'.»
Si les Russes devaient effectivement s'en prendre aux appareils américains avec le Peresvet, les tensions entre les deux États pourraient rapidement escalader.
(Adaptation par Lauriane Pipoz)