L'avocate de l'étudiante turque Rumeysa Ozturk, arrêtée aux Etats-Unis par la police de l'immigration, a accusé jeudi les agents de l'avoir «enlevée», dans le cadre de la répression de l'administration Trump contre les militants propalestiniens sur les campus.
«Nous devrions tous être horrifiés de la manière dont (le ministère de la Sécurité intérieure) a enlevé Rumeysa en plein jour», s'indigne dans un communiqué son avocate, Mahsa Khanbabai. L'étudiante turque en doctorat à l'université Tufts près de Boston (nord-est) est détenue par le ministère de la Sécurité intérieure (DHS) depuis mardi.
Elle avait cosigné en mars 2024 un article dans son journal universitaire, le Tufts Daily, critiquant la façon dont son établissement gérait le mouvement de contestation contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza.
«Le grand public a vu»
«Le grand public a vu la vidéo du moment terrifiant quand un groupe d'agents du DHS portant des vêtements de ville et des masques ont entouré Rumeysa dans la rue, alors qu'elle était en chemin pour retrouver des amis et rompre son jeûne de ramadan», souligne l'avocate Mahsa Khanbabai.
«Rien dans cette vidéo n'indique que ce sont des agents des forces de l'ordre et de quelle agence (ils seraient). Cette vidéo devrait glacer le sang de tout le monde», ajoute-t-elle. L'étudiante a déposé une requête pour obtenir des autorités qu'elles expliquent sur quelles bases légales elles l'ont arrêtée, selon un document judiciaire consulté mercredi par l'AFP.
Aux termes de cette requête, un juge a décidé qu'elle ne pouvait pas être légalement transférée en dehors de l'Etat du Massachusetts, où se situe l'université Tufts. Mais selon son avocate, Rumeysa Ozturk a «été envoyée en Louisiane» (sud), malgré cette décision du tribunal. Les autorités fédérales ont répondu que ce transfert avait été effectué avant l'ordonnance du juge.
Attaques contre les unis
Depuis son retour à la Maison Blanche, Donald Trump s'en prend aux grandes universités accusées de laisser prospérer sur leurs campus des manifestations propalestiniennes, qu'il juge relever de l'antisémitisme. Le cas le plus emblématique, ces dernières semaines, est celui de la prestigieuse université new-yorkaise Columbia, que le président américain accuse de laxisme et de ne pas suffisamment protéger les étudiants juifs sur le campus.
La police fédérale de l'immigration a arrêté début mars une figure de ces manifestations à Columbia, Mahmoud Khalil, un détenteur de la carte verte de résident permanent que le gouvernement veut expulser coûte que coûte. Une manoeuvre contestée en justice et qui suscite un vif émoi aux Etats-Unis, notamment parmi les défenseurs de la liberté d'expression.