Moscou et Paris ne se comprennent pas
«Nous espérons que les services secrets français ne sont pas derrière l'attentat»

L'entretien téléphonique d'une heure mercredi entre le ministre français des armées Sébastien Lecornu et son homologue russe Sergueï Choïgou a débouché sur des communiqués très divergents. Emmanuel Macron a dénoncé les propos tenus par le ministre russe.
Publié: 04.04.2024 à 12:18 heures
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Dernière mise à jour: 04.04.2024 à 12:48 heures
Concernant l'attentat du 22 mars près de Moscou, revendiqué par l'EI et qui a fait 144 morts et 360 blessés, les positions des deux pays semblent marquées par des lectures opposées des événements.
Photo: Anadolu via Getty Images

Le coup de fil entre le ministre français des armées Sébastien Lecornu et son homologue russe Sergueï Choïgou a duré une heure, et les comptes rendus divergent. Ce premier échange depuis 2022 avait été sollicité par Paris sur la question du contre-terrorisme.

Le ministère russe de la défense a affirmé mercredi soir que les deux pays s'étaient dit «disposés à dialoguer» sur le conflit en Ukraine. «Le point de départ pourrait être l'initiative d'Istanbul pour la paix», a-t-il ajouté.

Ces propos ont été immédiatement démentis par Paris. Le ministre russe a bien affirmé «être prêt à reprendre le dialogue sur l'Ukraine», mais «la France n'a accepté ni proposé quoi que ce soit» sur ce sujet, a souligné l'entourage du ministre français.

Sébastien Lecornu avait plus tôt indiqué dans un communiqué avoir «condamné sans réserve la guerre d'agression que la Russie a lancée en Ukraine» pendant cet appel.

«Cesser toute instrumentalisation»

Concernant l'attentat du 22 mars près de Moscou, revendiqué par l'EI et qui a fait 144 morts et 360 blessés, les positions des deux pays semblaient également marquées par des lectures opposées des événements.

Sébastien Lecornu a «rappelé la disponibilité de la France» à des «échanges accrus» avec la Russie dans la lutte contre le «terrorisme», selon le communiqué de son ministère. Il a aussi insisté sur le fait que la France «ne disposait d'aucune information permettant d'établir un lien entre cet attentat et l'Ukraine» et a demandé à Moscou de «cesser toute instrumentalisation».

Réponse de Moscou: «Le régime de Kiev ne fait rien sans l'aval de ses superviseurs occidentaux. Nous espérons que, dans ce cas, les services secrets français ne sont pas derrière cela.»

Le Kremlin a admis que des «islamistes radicaux» avaient été à l'origine de l'attentat, tout en dénonçant une implication ukrainienne. Douze suspects ont été arrêtés, dont les quatre assaillants présumés, originaires du Tadjikistan.

Macron dénonce des propos «baroques et menaçants»

Interrogé dans le cadre de l'inauguration du centre aquatique des Jeux olympiques de Paris, Emmanuel Macron est revenu sur les allusions de Moscou. Le président français a dénoncé des propos «baroques et menaçants», évoquant également une «manipulation de l'information» en ce qui concerne le compte rendu de l'entretien entre les deux ministres. 

(ATS)

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