Moldavie, Russie...
Comment la guerre de Poutine s'étend au-delà de l'Ukraine

Les attaques en Moldavie, les explosions en Russie, les provocations de Moscou face à l'ONU, les menaces face aux pays de l'OTAN: le conflit pourrait-il s'étendre au-delà des frontières de l'Ukraine?
Publié: 01.05.2022 à 21:01 heures
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Pendant la visite de Guterres (à droite) au président ukrainien Volodimir Selenski (à gauche), des bombes russes sont tombées sur Kiev.
Photo: AFP
Fabienne Kinzelmann

Lorsque le secrétaire général de l'ONU António Guterres s'est rendu de Moscou à Kiev cette semaine, Poutine a envoyé des salutations sous forme de bombes. L'attaque visait un quartier résidentiel situé à proximité de l'hôtel où la délégation de Guterres était logée. Fredy Gsteiger, correspondant de la SRF, a qualifié cet incident de «doigt d'honneur à l'ONU et à son chef suprême».

Il montre que le chef d'Etat russe se soucie de moins en moins de savoir où se situent les limites de la guerre, ou justement: où elles ne se situent pas.

Après que les troupes terrestres russes ont dû interrompre leur campagne de conquête de Kiev, les diplomates occidentaux sont retournés à Kiev pour marquer leur présence. Des hommes et des femmes politiques de premier plan rendent visite à Volodymyr Zelensky, la dernière en date étant la conseillère nationale suisse Irène Kälin (35 ans).

Ces photos symboliques ne plaisent manifestement pas à Vladimir Poutine. En attaquant indirectement Antonio Guterres, il envoie le message suivant: personne ne peut se sentir en sécurité en Ukraine. Et même en dehors.

Arrêt des livraisons de gaz pour la Pologne et la Bulgarie

Le conseiller présidentiel ukrainien Serhiy Lechtchenko a récemment averti dans une interview: «Poutine va attaquer des pays de l'OTAN. Tout simplement pour montrer que les institutions mondiales sont faibles». On craint de plus en plus qu'une bombe russe ne frappe, intentionnellement ou non, des régions frontalières de l'OTAN.

Poutine met par ailleurs déjà le feu aux frontières. La semaine dernière, il a coupé le gaz à la Pologne et à la Bulgarie, membres de l'UE, après que celles-ci ont refusé de payer en roubles. Les services secrets américains et leurs partenaires préviennent que la Russie pourrait se lancer dans des cyberattaques de grande envergure, y compris contre les États-Unis et l'Europe.

Dans la région moldave sécessionniste de Transnistrie, dont la Russie est la puissance protectrice, des explosions se produisent depuis le début de la semaine. On ne sait pas qui ou quoi se cache derrière ces événements: la Russie ou les séparatistes prorusses eux-mêmes? L'Ukraine pour lier les forces militaires de la Russie?

L'experte genevoise en sanctions voit des possibilités non militaires

L'Ukraine semble elle aussi étendre la zone de guerre. Lundi, deux dépôts pétroliers ont brûlé en Russie et mercredi, trois explosions ont eu lieu dans des camps militaires russes. Les Ukrainiens n'ont pas encore officiellement revendiqué ces attaques. Le ministre britannique de la Défense Ben Wallace a toutefois déclaré qu'elles étaient «légitimées par le droit international». Et la porte-parole de Biden, Jen Psaki, n'a pas totalement exclu un soutien américain aux attaques contre des cibles militaires sur le sol russe lorsqu'elle a été interrogée. Le Bundestag allemand a quant à lui décidé jeudi de livrer des armes lourdes.

L'Occident a encore quelques possibilités d'endiguer l'extension de la guerre de Poutine de manière non militaire, explique Erica Moret, spécialiste des sanctions à Genève. «Déjà, les sanctions ont atteint un niveau sans précédent. Mais on peut aller plus loin avec les banques russes, le secteur technologique, le gel des avoirs des oligarques et l'embargo sur le pétrole et le gaz».

Selon le Center for Research on Energy and Clean Air, l'Europe a versé à la Russie quelque 15 milliards de dollars pour le pétrole depuis le début de la guerre. Chaque dollar détermine en partie jusqu'où le bras militaire de Poutine s'étendra au-delà de l'Ukraine.


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