Depuis son retour à la Maison Blanche il y a près de trois semaines, Donald Trump ne s’est encore guère attardé sur ses intentions vis-à-vis de l’Europe, et fait planer une grande incertitude quant au conflit en Ukraine. Mais en dépêchant cette semaine plusieurs hauts responsables sur le Vieux continent, dont le vice-président des Etats-Unis, J.D Vance, il devrait faire monter la pression sur des Européens appelés à partager le fardeau, en particulier en Ukraine.
America First
Il s’agira des premières visites officielles de responsables américains en Europe depuis la prise de fonction de Donald Trump, le 20 janvier. L’occasion de mettre en avant «l'Amérique d’abord» chère au président américain, face à des Européens qui se disent prêts à riposter mais qui sont en mode «stand-by» dans l’attente de connaître les décisions du président américain. Le président Trump a clairement menacé ses alliés européens d’imposer des droits de douane sur leurs exportations, comme il l’a fait avec le Canada et le Mexique, et ne cesse de les exhorter à dépenser plus pour leur défense, jusqu’à 5% de leur PIB.
Il a également évoqué la possibilité d’annexer le Groenland, sous souveraineté du Danemark, pays membre de l’Otan et de l’Union européenne.
Tournée européenne
Pour son premier déplacement à l’étranger, le vice-président américain doit d’abord se rendre à Paris pour participer à un sommet sur l’intelligence artificielle, co-présidé par la France et l’Inde et qui se tient jusqu’au 11 février. Il y aura des entretiens avec le président français, Emmanuel Macron. Il doit ensuite aller à Munich, en Allemagne, où se tient du 14 au 16 février une conférence sur la sécurité, la grand-messe annuelle du monde diplomatico-militaire.
Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, qui a effectué son premier voyage à l’étranger en Amérique centrale, y est également attendu vendredi, avant de se rendre au Moyen-Orient.
Quant au chef du Pentagone, Pete Hegseth, il visitera cette semaine deux commandements militaires américains en Allemagne, assistera à une réunion de ses homologues de l’Otan mercredi à Bruxelles, ainsi qu’à une réunion du Groupe de contact sur l’Ukraine. Celle-ci doit être présidée pour la première fois par le Royaume-Uni. Il doit aussi se rendre en Pologne, qui a pris en début d’année la présidence tournante de l’Union européenne.
Pete Hegseth y abordera notamment «la nécessité d’augmenter les dépenses de défense des alliés» et d’accroître le «leadership européen en matière d’assistance à la sécurité de l’Ukraine», a indiqué le Pentagone.
Un plan pour mettre fin au «carnage» en Ukraine
Donald Trump s’est engagé à mettre fin rapidement au «carnage» de la guerre en Ukraine, et a chargé un ancien général, Keith Kellogg, de finaliser un plan dont aucun détail n’a encore filtré publiquement. Mais les discussions semblent s’accélérer, alors qu’il règne une grande incertitude quant aux intentions réelles du président américain concernant à la fois le maintien de l’aide militaire américaine à l’Ukraine et les perspectives de résoudre le conflit. Vendredi dernier, Donald Trump a assuré qu’il rencontrerait «probablement» cette semaine son homologue ukrainien, Volodymyr Zelensky, sans donner de précisions.
Il a par ailleurs répété qu’il comptait s’entretenir également avec le président russe, Vladimir Poutine.
L’ex-général Kellogg, qui sera également présent à la conférence de Munich, prévenait récemment dans une interview que «les deux camps vont devoir faire des concessions» pour parvenir à mettre un terme au conflit déclenché par l’invasion russe en février 2022.
Donald Trump a critiqué les milliards de dollars dépensés pour aider l’Ukraine sous la précédente administration de Joe Biden, mais il a aussi menacé Moscou d’un renforcement des sanctions américaines.
L'Europe doit se montrer plus lucide
Il a aussi affirmé vouloir négocier un «accord» avec l’Ukraine de manière à ce qu’elle offre une «garantie» sur ses terres rares.
Quant à l’Europe, elle doit se montrer plus lucide dans un monde devenu plus dur, et agir selon ses intérêts, y compris avec l’Amérique de Donald Trump, a affirmé mardi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.